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vienne enfin combler les vœux de la Grèce, deux officiers anglais, le colonel Gordon et le capitaine Hastings, se sont chargés d’inspirer les résolutions du gouvernement d’Egine. J’ai fait connaître au lecteur le capitaine Hastings. Ce vaillant officier montait alors le navire à vapeur dont j’ai donné dans une autre partie de ce travail la description. La Persévérance avait devancé l’Hellas dans les eaux de Nauplie, et depuis les premiers jours de septembre Hastings était prêt à faire l’essai de ses pièces de 68 contre les Turcs. Le colonel Gordon de son côté débarquait le 4 janvier 1827 à Égine. Il n’était pas moins impatient que le capitaine Hastings d’entrer en campagne. Tout semblait en effet commander aux Grecs de se hâter. La situation de Fabvier devenait de jour en jour plus critique. Pouvait-on espérer qu’une garnison, déjà réduite d’un cinquième par les souffrances, par les privations, par le feu de l’ennemi, ne manquant pas encore de vivres, mais manquant de bois et de vêtemens, sans défense par conséquent contre les rigueurs de l’hiver, serait en état d’attendre l’effet des diversions tentées à l’autre extrémité de la Grèce ? Peut-être cependant eût-il été sage de se résigner à voir tomber l’Acropole, certain de la reprendre le jour où les avantages obtenus en Roumélie auraient obligé Reschid à évacuer la Béotie et l’Attique. Un autre conseil prévalut. À l’instigation du colonel Gordon et du capitaine Hastings, le président Zaïmis donna l’ordre de rassembler à Eleusis toutes les forces qui n’opéraient pas en ce moment dans le nord. On parvint à réunir ainsi 5,000 hommes.

Le colonel Gordon avait l’habitude de la guerre, l’ayant faite pendant plusieurs années en Russie, puis en Espagne, où il fut attaché à l’état-major de sir Robert Wilson. Calme et froid, d’un courage impassible et régulier, il apportait au service de la cause qu’il avait embrassée avec une généreuse ferveur les qualités qu’on s’accorde généralement à reconnaître à la race britannique. Une étrange coïncidence avait voulu que l’officier ardent, prompt aux coups de main, rempli d’initiative, se trouvât enfermé dans la citadelle d’Athènes, pendant que le soldat patient et méthodique, organisé surtout pour la résistance, aurait la mission d’en faire lever le siège. Vers la fin du mois de janvier 1827, le moment fut jugé particulièrement favorable pour tenter cette opération. Reschid-Pacha venait de détacher 2,500 hommes en Roumélie, et Omer-Vrioni se portait à marches forcées sur Salone. J’ai déjà dit que 5,000 Grecs avaient été rassemblés à Eleusis. Ces soldats appartenaient en majeure partie au corps du Monténégrin Vassos et à celui du Moréote Panayotaki Notaras. Si l’on n’avait eu à sa disposition que de pareilles bandes, on eût pu hésiter encore à les engager en rase campagne, mais la fortune