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fibres se dissocient, et à la place du tissu ligneux résistant et cassant la chaudière est remplie d’une masse souple qu’on décolore en quelques heures, et qui procure finalement une pâte à papier d’une blancheur parfaite. C’est ainsi que l’industrie papetière prend une extension de plus en plus grande. En France, la consommation du papier était en 1854 de 60 millions de kilogrammes. Elle était l’année dernière de 130 millions. Avec cette quantité de papier, on pourrait faire à l’équateur de la terre une ceinture de 60 mètres de large.

Les États-Unis et l’Angleterre font plus de papier que la France ; en revanche, c’est nous qui fabriquons le plus de sucre de betteraves. Cette grande industrie, née en France, y est parvenue aujourd’hui à une perfection presque absolue. Vers 1836, la betterave donnait chaque année à la France 3 millions de kilogrammes de sucre ; cette année, la production atteindra 450 millions de kilogrammes. Notre consommation est loin d’égaler ce dernier chiffre ; il y a là par conséquent un important élément d’exportation. D’ailleurs ce n’est pas seulement par la belle qualité de ses produits que notre industrie sucrière mérite attention. Elle évite le raffinement et sait obtenir du premier jet des sucres blancs, cristallisés, sans odeur et dès à présent fort recherchés.

Il nous est impossible d’indiquer même sommairement les communications dont la médecine et la chirurgie ont été l’objet dans les séances du congrès. L’intérêt qu’elles présentent a été d’ailleurs effacé par celui d’une lecture à laquelle l’apparition du choléra en France donne une néfaste actualité. M. le docteur Blanc, chirurgien-major de l’armée britannique, a étudié le choléra dans l’Inde, et son opinion est que la maladie n’est pas dans l’air, qu’elle se transmet d’homme à homme par les évacuations, et que la plupart du temps l’eau employée en boisson est le véhicule des germes morbides contenus dans ces évacuations. Voilà en deux mots sa théorie[1]. Avant d’indiquer les faits qu’il invoque à l’appui et les conséquences qu’il en tire, il convient de marquer brièvement les conditions dans lesquelles l’épidémie actuelle a pris naissance. C’est à Hurdwar, localité sainte située sur les bords du Gange, à 13 milles environs de l’endroit où le fleuve quitte l’Himalaya, que le fléau se déclara en 1867. Le campement d’Hurdwar est formé d’une bande de terre de 9 milles de long sur 3 milles de large, au centre de laquelle s’écoule le fleuve : 3 millions de pèlerins s’y étaient établis au commencement d’avril. Le 12 de ce mois, les prêtres assignèrent pour le bain sacré un espace de 200 mètres de long sur 10 de large, séparé du reste des eaux par des barrières. Les pèlerins, arrivant en

  1. Ces conclusions confirment à peu près celles que nous avons formulées dans la Revue du 15 octobre 1872. — Nous devons rappeler que dès 1849 un savant médecin de notre marine, M. Ch. Pellarin, avait émis les mêmes idées sur la contagion du choléra.