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tion plus générale des relations de la Russie et de l’Angleterre sur ce théâtre lointain et mystérieux de l’Asie centrale.

ch. de mazade.

ESSAIS ET NOTICES.

La Machine animale. — Locomotion terrestre et aérienne, par M. J. Marey, professeur au Collège de France ; Paris 1873.

Il y a deux siècles que Borelli, dans son célèbre traité de Motu animalium, entreprenait d’appliquer les principes de la mécanique ordinaire aux mouvemens que l’on observe chez les animaux, et en particulier aux efforts physiques de l’homme. Dès cette époque, on avait très bien compris que l’organisme animal est un appareil composé de leviers, de poulies, de cordages, de pompes et de soupapes dont le jeu, merveilleusement combiné, exécute sur-le-champ les ordres de la volonté. Le rapprochement est devenu bien plus saisissant après l’invention des moteurs à feu et depuis qu’on sait que la chaleur de combustion des alimens se transforme dans nos organes en force physique, comme la chaleur du charbon se change dans la machine à vapeur en travail de toute sorte. A mesure que la science approfondit cette comparaison en la justifiant, des perspectives inattendues s’ouvrent sur l’avenir. Le mécanicien qui cherche laborieusement la solution de tel problème le trouve résolu par la nature elle-même avec une admirable simplicité, et n’a qu’à s’inspirer du modèle, qu’il découvre enfin après l’avoir eu si longtemps sous les yeux. D’un autre côté, le point de vue nouveau introduit dans la biologie aide à comprendre et à classer certains phénomènes de la vie animale qui autrefois étaient des énigmes. On s’aperçoit alors qu’à chaque fonction se trouve attaché tout un appareil compUqué et spécial : la circulation du sang, la respiration, la locomotion, mettent en jeu des mécanismes qui forment un tout complet et en quelque sorte indépendant.

M. Marey, dans le savant ouvrage qu’il vient de publier, se borne à étudier un groupe particulier de ces mécanismes, dont l’ensemble constitue ce qu’on peut appeler « la machine animale. » Son titre est trop compréhensif, car il n’est guère question dans son livre que des moyens par lesquels les animaux se meuvent sur la terre et dans l’air. Il est vrai que sur cette question de la locomotion il apporte des vues neuves et fécondes, soutenues par des faits précis et des expériences frappantes. Nous avons déjà exposé ici même la méthode employée par M. Marey pour analyser le mécanisme du vol chez les insectes et chez les oiseaux[1] ; on a depuis appliqué les mêmes moyens

  1. Voyez, dans la Revue du 1er avril 1870, l’étude sur le Vol des oiseaux.