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à la fois sur ce rocher nu, le logement, la nourriture, et jusqu’à l’eau qui était insalubre. Jamais le dénûment ne se montra sous un plus horrible aspect. Les Grecs renfermés dans Athènes avaient déjà eu plusieurs échauffourées avec l’ennemi. Ils continuaient à défendre l’enceinte de la ville et la colline du Musée, soutenue par une des batteries de l’Acropole. Les assiègeans attendaient leur artillerie. Si délabrés que fussent les murs d’Athènes, ils pouvaient encore défier la fusillade. On estimait à un millier d’hommes environ le nombre des défenseurs enfermés dans la place, à 3,000 celui des Turcs arrivés de Salone. Notaras, qui commandait dans l’Acro-Corinthe et devait défendre les dervends des monts Géraniens, était en communication par Mégare avec le camp des Grecs, et promettait incessamment des renforts.

Le séraskier n’avait pas voulu se mettre de sa personne en campagne avant d’avoir fait occuper les passes de l’OEta et du Parnasse, d’avoir renforcé la garnison de Thèbes et organisé des communications régulières entre la Thessalie et l’Eubée. Le 28 juillet 1826, il se montrait enfin dans la plaine d’Athènes et établissait son quartier-général à Patissia. L’armée de Reschid, après les détachemens qu’il avait dû faire pour assurer ses derrières, ne dépassait pas 7,000 hommes. La cavalerie se composait de 800 chevaux, le train d’artillerie de vingt-six canons et mortiers. La colline du Musée fut emportée d’assaut, et on y dressa trois batteries. Dans la nuit du 14 au 15 août, Reschid s’empara de la ville et en refoula les défenseurs dans la citadelle.

La Grèce cependant s’était émue. Pour arracher Athènes au sort qui la menaçait, le gouvernement s’adressa d’abord aux Rouméliotes de Karaïskaki. Le 27 juillet 1826, ce chef intrépide, nommé à l’unanimité des voix général en chef de la Grèce orientale, partit de Nauplie à la tête de 600 hommes. Ibrahim en ce moment se rapprochait de Corinthe. On put craindre qu’il ne devançât le corps de Karaïskaki, et que cette troupe, trop faible pour s’ouvrir un passage, n’eût pas le temps de franchir l’isthme avant que les communications avec Athènes fussent coupées. Ce n’était heureusement qu’une alerte. L’arrivée de Karaïskaki à Eleusis dissipa les inquiétudes que la marche d’Ibrahim avait fait naître. Bientôt cependant la troupe de Kriezotis, celle du Monténégrin Vassos, les Athéniens du capitaine Lecca, les tacticos du colonel Fabvier, vinrent se ranger avec 70 philhellènes sous les ordres du chef des armatoles. Tous ces détachemens réunis atteignaient à peine le chiffre de 3,500 combattans.

L’amiral de Rigny, dont la vigilance et l’activité n’étaient jamais en défaut, venait d’arriver sur la frégate la Sirène, qui portait son