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frégate de Khosrew-Pacha. Khosrew put constater le triomphe de son lieutenant, resté maître du champ de bataille. Il ne trouva pas néanmoins cette victoire assez décisive pour s’engager dans la grosse aventure d’une descente. Il soupçonnait Miaulis de ne pas s’être éloigné pour longtemps. Le 8 octobre en effet, Miaulis revenait à la charge, toujours aussi impuissant et toujours aussi opiniâtre. C’est ainsi que l’amiral hydriote gagna l’époque où Samos, protégée par l’hiver, n’eut plus rien à craindre des entreprises de la flotte turque. Le 12 novembre 1826, on apprit à Smyrne que le capitan-pacha remontait les Dardanelles.

Khosrew ne devait pas être sans quelque inquiétude sur l’accueil qui l’attendait à Constantinople. Mahmoud reçut son vieux favori à bras ouverts. Malgré son antipathie prononcée pour tout ce qui venait d’Egypte, le capitan-pacha n’avait eu garde de désapprouver la réforme ; il s’était au contraire empressé d’y plier les galiondjis. Il fit manœuvrer ces soldats de marine devant le sultan. Leur instruction était de beaucoup supérieure à celle des troupes du séraskier. « Il n’en fallut pas davantage, nous apprend le comte Guilleminot, pour faire oublier les hauts faits de sa dernière campagne et pour raffermir sa tête sur ses épaules. » Quant aux Samiens, ils subissaient plus que jamais l’ascendant tout-puissant de Logothetis. Le dictateur était devenu, depuis la retraite de Khosrew, une des grandes figures de la Grèce. Le parti qui lui avait été opposé, ne se trouvant plus en sûreté dans l’île, alla prudemment chercher un refuge en Asie. La gloire des Samiens faillit un instant éclipser celle des Souliotes et des habitans de Missolonghi. C’est à eux que s’adressait Cochrane en mettant le pied sur le sol de la Grèce. « Ne songez pas seulement, leur disait-il, à défendre vos propres rivages. Préparez-vous, si l’ennemi persiste dans ses entreprises, à porter avec moi la guerre dans son empire. La délivrance des chrétiens prisonniers, le châtiment des dévastateurs de Cydonia, de Chio et d’Ipsara, le partage des richesses qu’ont accumulées les musulmans de Smyrne, seront la récompense de votre courage. »

Samos, malgré l’honorable attitude qu’avaient su garder ses vaillans montagnards, ne méritait pas cet excès d’enthousiasme. C’était, on l’oubliait trop, la flottille hydriote qui avait arrêté les Turcs. Je ne crois pas exagérer le rôle de la marine grecque durant cette longue guerre en lui attribuant la part la plus considérable dans l’affranchissement de la patrie. L’importance des services rendus, las avantages décisifs qu’elle a remportés, s’expliqueraient mal par la seule inexpérience de l’ennemi.

Il a fallu l’audace et l’habileté de Fernand Cortès pour venir à bout des Indiens de Montezuma. Les vaisseaux du sultan auraient proba-