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Vogules, dans le nord de l’Oural; mais à cette famille, qui renferme les tribus finnoises les plus misérables et les plus dépourvues de culture, se rattache le seul peuple finnois qui ait joué un rôle en Europe et soit arrivé à une haute civilisation, les Magyars de Hongrie. Au nord-est vient le rameau permien, comptant de 300,000 à 400,000 âmes, chaque année diminuées par une rapide russification, et réparties entre la tribu des Permiens dans le bassin de la Kama, celle des Votiaks sur la Viatka, celle des Zyriaines dans les déserts glacés de la Petchora, toutes trois orthodoxes, les deux premières adonnées à l’agriculture, la dernière à la chasse. Au-dessous vient la famille du Volga, appelée aussi bulgare, du peuple, aujourd’hui slavisé, qui du Volga est descendu sur le Danube. À ce groupe appartiennent encore les trois plus importantes tribus finnoises de la Russie proprement dite, les Tchérémisses, qui, au nombre d’environ 200,000, habitent la rive gauche du Volga, autour du gouvernement de Kazan, — les Mordvines, qui, subdivisés en deux branches, comptent de 500,000 à 600,000 âmes, au cœur même de la Russie, entre le Volga et l’Oka, dans les gouvernemens de Nijni-Novgorod, Pensa, Simbirsk, Tambof, Saratof, — les Tchouvaches, à peu près aussi nombreux, dispersés sur les rives du Volga, dans l’ancien territoire des Tatars de Kazan, dont ils ont adopté la langue. Enfin au nord-ouest vient la famille finnoise même, dont les principaux représentans sont les Finnois de la Finlande, les Suomi, comme ils se nomment eux-mêmes, à peu près les seuls de leur race en Russie qui aient un sentiment national, une patrie, une histoire et une littérature, les seuls qui aient quelque chance d’échapper à la lente absorption où s’engloutissent tous leurs congénères. Ils forment les cinq sixièmes de la population du grand-duché de Finlande, mais une population presque toute rurale, l’élément suédois, mêlé d’allemand et de russe, dominant toujours dans les villes. Dépassant le chiffre de 1,500,000 âmes dans le grand-duché, les Suomi comptent encore pour environ 200,000 dans la population des gouvernemens russes voisins. Pétersbourg est, à vrai dire, bâti en plein pays finnois, ses alentours immédiats sont seuls russifiés, et cela tout récemment. Il y a un demi-siècle à peine, on ne comprenait point le russe dans les villages situés aux portes de la capitale; aujourd’hui encore elle est à peu près de tous côtés environnée de tribus finnoises ou de leurs débris. Au nord-ouest, ce sont les Suomi de la Finlande qui descendent presque jusqu’à ses faubourgs, à l’ouest les Karéliens et les Tchoudes, qui, après avoir longtemps occupé un vaste territoire, sont les uns et les autres en train de disparaître ; au nord-ouest, ce sont 900,000 Esthoniens, peuple d’origine peut-être plus mêlée, qui, soumis pendant quatre à cinq siècles à la domination des seigneurs allemands, a dans l’Esthonie et la Livonie