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pace compris entre les chaînes de l’Oural et de l’Altaï ou le voisinage de ces montagnes paraissant le point de départ des peuples de ce rameau. Les Mongols proprement dits sont, ainsi que les Tatars, rangés à côté des Finnois dans ce groupe ouralo-altaïque, qui laisse au contraire en dehors de lui les Chinois et les autres grandes nations de l’Asie orientale. Cette classification est celle qui semble le mieux répondre aux faits ; il est seulement à remarquer que pour les deux sciences sur lesquelles reposent toutes les études ethnographiques, pour la philologie comme pour l’anthropologie, ce groupe ouralo-altaïque est loin de présenter la même homogénéité que le groupe aryen ou le sémite. La parenté entre les différentes familles qui le composent est bien moins saisissante, bien moins intime qu’entre le Latin et le Germain, elle paraît plus reculée qu’entre le brahmine ou le guèbre de l’Inde, et le Celte de l’Ecosse ou de la Bretagne. Cette parenté semble remonter à une époque où l’homme, s’il possédait la parole, n’en connaissait que les premiers élémens, et au fond elle est peut-être moins étroite qu’entre l’Indo-européen et le Sémite.

Au point de vue philologique, les races touraniennes ou ouralo-altaïques se distinguent par des langues agglutinatives, c’est-à-dire où la déclinaison et la conjugaison se font par simple juxtaposition, au lieu d’unir et de fondre l’une dans l’autre la racine et la terminaison jusqu’à les rendre méconnaissables, comme dans nos langues à flexions. Ces langues agglutinatives, qui, selon Max Muller, caractérisent des peuples nomades, toujours obligés par leur vie voyageuse de ne pas laisser altérer la physionomie de leurs mots, ne montrent point entre elles d’aussi intimes relations quelles idiomes aryens ou sémitiques, ce qui est d’autant plus remarquable que par l’absence des flexions elles paraissent moins susceptibles de corruption et de déguisement. Leur parenté, au lieu de se montrer à la fois dans l’unité des racines et la concordance des formes grammaticales, se réduit à des ressemblances de structure et de procédés, en sorte que leurs liens généalogiques sont ou plus éloignés ou plus difficiles à suivre.

Au point de vue anthropologique, l’unité de ce vaste groupe n’est pas beaucoup plus intime. Les caractères extérieurs par lesquels on distingue aisément d’autres races, la couleur de la peau et la qualité des cheveux, sont ici de mauvais guides : ils laisseraient en dehors de la race mongolique la plupart des Finnois et même des Tatars. Les caractères anatomiques sont les seuls qui puissent s’appliquer à tous les rameaux de la souche mongolique ; encore parmi les peuples ouralo-altaïques les plus essentiels varient-ils jusqu’à disparaître complètement. Les plus importans sont ceux que fournit la tête, et parmi eux le plus général et le plus persistant est la saillie