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GAVARNI
SA VIE ET SES ŒUVRES

I. Gavarni, par MM. Edmond et Jules de Goncourt, Paris 1873. — II. Catalogue des lithographies de Gavarni, 1873. — III. Manières de voir et façons de penser, recueil des écrits de Gavarni publié par M. Charles Yriairte, 1869.

Il y a quelques années, en résumant ici même les principaux titres et les caractères distinctifs du talent de Gavarni, nous émettions le vœu que l’éminent critique dont la plume avait tracé déjà tant de fins portraits littéraires nous donnât un jour celui du peintre par excellence des mœurs contemporaines[1]. Notre désir ne tarda pas à être satisfait. Du vivant même de Gavarni, M. Sainte-Beuve marquait avec sa délicatesse de touche et sa précision accoutumées les traits de ce nouveau modèle. Il rendait à souhait « cette physionomie d’un artiste qui, disait-il, en a tant exprimé dans sa vie et qui les comprend toutes ; » mais, par un légitime sentiment de réserve, il s’en tenait pour déterminer la ressemblance à l’examen des phénomènes extérieurs, à l’étude de ce qui pouvait être reproduit sans incertitude ou commenté sans indiscrétion. C’était uniquement dans les œuvres de Gavarni que M. Sainte-Beuve cherchait et trouvait ses élémens d’appréciation. Tout ce qui concernait l’homme et sa vie privée, son entourage, ses habitudes intimes, tout cela devait rester et restait en effet hors de cause, ou si quelque échappée de lumière venait par momens révéler à demi certains secrets du foyer, la porte, seulement entre-bâillée pour ainsi dire, se refermait bien vite sur ces mystères domestiques.

  1. Voyez, dans la Revue du 1er octobre 1863, la Lithographie dans ses rapports avec la peinture et les peintres de l’école française.