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mais qui ne favorisait guère les mouvemens de l’artillerie à travers des chemins détrempés et boueux. Aussitôt que le général Vinoy avait à peu près sous la main le gros de ses troupes, — la division Courty, qui avait été mise à sa disposition et qui lui servait de réserve, la division de Beaufort d’Hautpoul, la brigade Mosneron-Dupin, — il partait de son côté, assaillant à la fois Saint-Cloud et les revers de Montretout. En peu d’instans, on se trouvait aux prises avec l’ennemi, qu’on repoussait au milieu d’une assez vive fusillade. On commençait à gagner du terrain. Les mobiles de la brigade Mosneron-Dupin, appuyés à la Seine, s’avançaient par la gauche, enlevant successivement les villas Béarn, Armengaud, et atteignant assez rapidement l’église de Saint-Cloud, tandis que la division de Beaufort abordait Montretout, où elle rencontrait d’abord une vive résistance. Les Prussiens, d’ailleurs peu nombreux, se voyaient obligés de céder après une vigoureuse défense; la redoute était enlevée, et on faisait une soixantaine de prisonniers. Bientôt on s’étendait vers la tête de Saint-Cloud par l’occupation de la villa Pozzo di Borgo, de la villa Zimmerman, qu’on mettait sous la garde des mobiles de la Loire-Inférieure. C’était un succès dont il ne fallait pas sans doute s’exagérer l’importance, puisque ces positions n’étaient encore que des avant-postes pour les Prussiens; le début de ce côté n’en semblait pas moins favorable.

Pendant ce temps, la colonne du centre, la colonne Bellemare, qui avait eu un peu plus de peine à se former, était néanmoins entrée en action vers huit heures, la brigade Fournès se portant la première dans la direction de la « maison du curé » pour se relier au général Vinoy, la brigade Colonieu venant un peu plus tard et abordant directement le parc de Buzenval. Ici encore, pendant les premières heures, tout marchait assez favorablement. Le général Fournès gagnait la « maison du curé, » la brigade Colonieu s’ouvrait par la brèche l’entrée du parc de Buzenval, s’emparait du château, et s’élevait par degrés, non cependant sans avoir à soutenir une lutte énergique et assez meurtrière. Vers dix heures, le général Trochu, qui suivait la bataille du haut du Mont-Valérien, pouvait dire : « Nous sommes maîtres de la redoute de Montretout et maisons annexes, du plateau 155, du château et des hauteurs de Buzenval. Bellemare marche sur la maison Craon;... Tout va très bien jusqu’à présent... » C’était ainsi en effet : on s’avançait sur la maison Craon, on commençait à déboucher vers Garches, on se rapprochait du plateau de La Bergerie. La brigade Valentin, du corps Bellemare, arrivait à son tour dans le parc de Buzenval pour soutenir le mouvement. Rien de décisif n’était plus possible toutefois tant que l’attaque de droite ne s’était pas prononcée, et ici le général Ducrot, si impatient