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ESSAIS
D'HISTOIRE CONTEMPORAINE

UNE REFORME POLITIQUE EN AUTRICHE

Un certain apaisement s’est manifesté depuis quelques années dans les querelles des différentes races qui peuplent le territoire de la monarchie austro-hongroise. Sans doute des esprits révolutionnaires ont encore poursuivi d’une manière plus ou moins occulte des plans séparatistes fondés sur des combinaisons artificielles ou sur des théories chimériques ; mais le bon sens public a partout protesté contre de pareils entraînemens. Les récens débats qui ont groupé dans deux camps opposés les centralistes et les fédéralistes n’ont porté aucune atteinte au principe du gouvernement ; les controverses des nationalités ont conservé un caractère pour ainsi dire provincial, bien que les difficultés soient loin d’avoir reçu des solutions définitives.

La question de la réforme électorale, qui vient d’être réglée, a été moins importante par elle-même que par la rivalité des partis qui en ont fait pour ainsi dire le terrain de leurs luttes. Centralistes et fédéralistes avaient choisi ce débat pour mesurer leurs forces respectives, plus encore dans la presse et devant l’opinion qu’au sein du Reichsrath. Étudier cette question, c’est examiner les conditions politiques dans lesquelles fonctionne la partie cisleithane de la monarchie, et faire comprendre les difficultés contre lesquelles lutte le gouvernement autrichien.

Rappelons d’abord en quelques mots le mécanisme des institutions constitutionnelles dont l’Autriche-Hongrie est dotée depuis 1867. Le système en vigueur a pris le nom de dualisme parce qu’il divise la