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dans le midi de l’Espagne. C’est la commune de Paris avec ses incendies, avec des exécutions plus cruelles encore que celles que nous avons vues, transportée en Andalousie, et, chose plus étrange, des députés, ceux qui s’appellent des « intransigens, » vont se mettre à la tête de cette effroyable campagne. Sous prétexte de république fédérale, les villes, les provinces, proclament leur indépendance. Bien entendu, la population n’est pour rien dans ces saturnales, elle subit tout ; c’est une tourbe révolutionnaire qui proclame tout ce qu’elle veut, qui pille, rançonne et assassine les autorités républicaines elles-mêmes.

Partout cette lutte est engagée ; elle a commencé il y a quelques jours déjà dans cette infortunée ville d’Alcoy, où des malheureux ont été brûlés dans le pétrole, où d’autres étaient jetés morts ou vivans du haut du balcon de l’hôtel de ville à une populace sanguinaire qui les traînait dans les rues et les mettait en pièces. À Malaga, l’insurrection est maîtresse de tout et multiplie les violences ; il en est de même à Grenade, où l’évêque a été un instant arrêté, où une junte décrète l’emprisonnement des suspects et des impôts sur les riches. A Séville comme à Valence, on parlemente avec l’émeute triomphante faute de pouvoir la soumettre ou d’oser l’attaquer. À Cadix, les révolutionnaires, maîtres de la ville, sont en lutte ouverte avec les dernières forces régulières qui restent dans les arsenaux et qui se défendent encore. À Carthagène, où est, à ce qu’il semble, le principal siège du mouvement, il y a un ancien général, Contreras, qui est le chef de la bande, qui se fait une armée de volontaires, qui destitue de son autorité propre le gouvernement de Madrid, et adresse même, à ce qu’il paraît, des mémorandums aux puissances étrangères. Ici du reste il y a un fait singulier qui pourrait étrangement compliquer les choses. Un certain nombre de navires de guerre est passé aux insurgés ; le gouvernement de Madrid s’est hâté de les déclarer pirates et de notifier cette déclaration aux états qui ont des forces navales dans les eaux espagnoles. Il en est résulté qu’un bâtiment prussien, prenant au mot la notification du ministère de Madrid, a capturé un navire de l’insurrection où se trouvait un député qui est un des chefs du mouvement. Quelle est la signification réelle de cet incident ? Il est vraisemblable que ce n’est là qu’un acte isolé d’intervention dont le capitaine prussien a pris l’initiative sans y être autorisé par le gouvernement allemand. Voilà où en est la péninsule : les uns s’occupent à déchirer leur pays, les autres appellent directement ou indirectement les étrangers à faire la police chez eux.

Le midi de l’Espagne est au socialisme le plus destructeur le nord est au carlisme, qui profite naturellement de cette anarchie croissante, et qu’on est même hors d’état de combattre pour le moment. Tout ce qu’on peut faire, c’est de se défendre dans les villes, dans les places à demi fortifiées. En Catalogne comme en Navarre, comme dans les provinces basques, les carlistes sont à peu près maîtres de la campagne, des voies