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LA FRANCE DU NORD

LA PICARDIE.[1]

III.
AMIENS, SES VICISSITUDES HISTORIQUES ET REVOLUTIONNAIRES, LA BATAILLE DU 27 NOVEMBRE 1870.


I. — LE DEVELOPPEMENT DE LA VILLE.

Tandis qu’une loi fatale de décadence semble frapper les villes du littoral de la Somme, la vieille capitale de la Picardie voit chaque jour sa prospérité s’accroître. La population d’Amiens, qui n’était que de 42,000 âmes en 1832, atteint aujourd’hui le chiffre de 60,000. Avant la guerre, on y élevait plus de 200 maisons chaque année, et, malgré les charges accablantes de l’occupation et d’énormes contributions de guerre, le travail d’agrandissement a repris avec une activité nouvelle. C’est là dans l’histoire de cette ville un fait qui s’est invariablement reproduit à travers les désastres du moyen âge, car à toutes les époques elle a trouvé dans son commerce et son industrie les élémens d’une puissante vitalité. Sous les deux premières races, elle comptait déjà parmi les villes les plus florissantes de la Gaule ; la révolution communale accomplie dans les premières années du XIIe siècle lui imprima un nouvel essor. La fabrication des draps et des étoffes de laine y prit un très grand développement, et cette fabrication s’est perpétuée jusqu’à nos jours. Ses produits au moyen âge étaient connus sous le nom de sayeterie ; aujourd’hui ils sont connus sous le nom d’articles d’Amiens,

  1. Voyez la Revue du 1er et du 15 juillet.