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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 juillet 1873.

Allons, tout n’est pas perdu, il y a encore du temps pour le plaisir et pour les fêtes, pour les promenades et pour les distractions qui font oublier un moment les affaires sérieuses, les difficultés de la veille et les difficultés du lendemain. Un roi d’Orient fait son entrée solennelle à Paris, dans ce Paris qui ne s’était pas vu si brillant et si animé depuis les galas de l’exposition de 1867. La politique sommeille quelque peu, ou ne sait plus trop où elle en est. L’assemblée de Versailles, visiblement fatiguée, s’achemine vers l’heure désirée des vacances entre une loi sur l’établissement du jury aux colonies et une loi sur la Légion d’honneur. Le ministère est toujours occupé à se reconnaître et à chercher les moyens d’ajourner les questions importunes sur lesquelles il se promet d’avoir une opinion un peu plus tard. Les députés de l’extrême droite vont faire leurs dévotions à Paray-le-Monial et improvisent des sermons à la suite des évêques. Le pays, quant à lui, sans s’émouvoir beaucoup et sans désespérer de lui-même, met tout son zèle à déchiffrer l’énigme des destinées qu’on lui fait ou qu’on lui prépare, et, pourvu qu’on lai donne la paix sans le violenter, il est tout prêt à ne pas se montrer trop difficile. Ainsi vont les choses, tandis qu’à travers tout s’accomplit heureusement le fait dont on semble se préoccuper le moins depuis quelques jours, et qui est cependant le plus sérieux, qu’il a fallu, préparer par tant de soins, par tant de ménagemens et tant de sacrifices. À l’heure même où nous sommes en effet, l’étranger, campé depuis trois ans sur notre territoire, a commencé son mouvement de retraite. Le matériel de l’armée d’occupation s’achemine vers la frontière ; les troupes allemandes ont reçu leurs ordres de marche ; elles auront quitté au 2 août nos villes et nos campagnes des Vosges ou des Ardennes, ne gardant que Verdun jusqu’au 5 septembre, jour où sera compté le dernier centime des derniers cinq cents millions qui restent