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quelques jours plus tard. A Montmesly, on se trouvait en présence de tous ces versans de Boissy-saint-Léger, de Brevannes, de Valenton, transformés en front de fortification, garnis de batteries étagées qui se protégeaient et se flanquaient les unes les autres ; puis en arrière de ces positions se trouvaient des bois assez étendus pour opposer un nouvel obstacle que les troupes les plus énergiques n’auraient pu franchir. — Du côté du sud, en face des Hautes-Bruyères, où les attaques se succédaient depuis le commencement, la première ligne était dans les villages de Thiais, de Chevilly, de L’Hay, reliés entre eux, barricadés et crénelés, protégés par des batteries. La seconde ligne se développait à partir de Choisy-le-Roi et avait son centre à la Belle-Épine, puis continuait jusqu’à la Croix-de-Berny pour se prolonger en arrière de Châtillon. Elle avait pour appui, vers la Belle-Epine, deux gros ouvrages en terre balayant de leurs feux tout l’espace entre Thiais et L’Hay. La troisième ligne était à Villeneuve-le-Roi et n’avait pas une organisation moins forte. Ainsi une armée sortant par Villejuif aurait eu à disputer d’abord les deux premières lignes défendues par une infanterie fortement retranchée, protégées par une puissante artillerie, et elle se serait trouvée ensuite en face des ouvrages de Villeneuve-le-Roi.

Je ne parle pas de Châtillon, qui était à peu près inabordable. A l’ouest, dans toutes ces positions autour desquelles on avait d’abord tourné et où l’on devait revenir plus tard, les travaux allemands étaient formidables. Toutes ces hauteurs entre Paris et Versailles ne formaient qu’un épais massif de fortifications dont le point culminant était au plateau de la Bergerie, gardé par une immense redoute. La première ligne partant de la Seine vers La Malmaison se développait par Saint-Cucufa, Buzenval, la Bergerie, Villeneuve-l’Étang, jusqu’à Saint-Cloud et Sèvres. La seconde ligne, plus forte encore, plus redoutable par l’accumulation des défenses, passait par Bougival, la Celle Saint-Cloud, Beauregard, le château du Butard. Dans toutes ces positions, il n’y avait pas un mamelon, un coin de route, une maison, un mur de parc où il n’y eût un obstacle, une batterie. Tout se reliait. Montretout, dans ce vaste système, n’était qu’un avant-poste souvent disputé et peu gardé. La vraie défense commençait un peu plus loin et continuait jusqu’à Versailles, assez habilement combinée pour que même en occupant une première crête il fût impossible d’y mettre un canon en batterie. La puissance de l’investissement reposait sur ces travaux et sur la prévoyante disposition des forces de l’ennemi. Les Allemands n’ont jamais eu autour de Paris plus de 250,000 hommes, et par le fait, avec leurs travaux, en tenant toutes les voies, ils n’avaient pas besoin de plus que cela. M. de Moltke lui-même l’a dit,