le docteur Livingstone écrivait dernièrement à la Société géographique de Londres que tous les ans de riches marchands banyans et hindous pénètrent jusqu’au centre de l’Afrique centrale, et qu’ils y poussent certaines tribus belliqueuses à se faire la guerre. Les luttes terminées, les marchands achètent les vaincus, puis les conduisent pédestrement et enchaînés jusqu’au littoral pour y être vendus. Avant d’arriver à Bagamoyo ou à Zanzibar, leur port d’embarquement, beaucoup de prisonniers succombent aux fatigues du voyage, et le célèbre voyageur affirme qu’il en meurt ainsi 10,000 annuellement. Ceux qui ont survécu sont expédiés comme esclaves pour les ports de l’Arabie ou de la Perse. C’est encore à Bagamoyo qu’on amène, pour être livrées à un acquéreur quelconque, les noires beautés de l’Ouhigou, de l’Ouguido, de l’Ougogo, de la Terre-de-la-Lune et du pays des Gallas.
Le « général » Kirkham, ambassadeur du roi d’Abyssinie près la cour d’Angleterre, vient également de publier à Londres des renseignemens curieux sur le commerce des esclaves dans le centre de l’Afrique. Il n’évalue pas à moins de 80,000 ou 90,000 le nombre des jeunes Africains qui, enlevés à leur pays natal, sont vendus dans les bazars d’Aatra et de Turquie. Ce sont pour la plupart des enfans de l’âge de sept à huit ans, les plus âgés ne dépassant jamais celui de dix-sept. Si les marchands les préfèrent jeunes, c’est que, lorsqu’ils sont plus vieux, les esclaves sont indociles et se refusent à certaines complaisances inqualifiables. Presque tous ces infortunés proviennent du centre des continens africains et de la région du Nil-Blanc. Assemblés à Kassala, ils sont conduits au bazar de Metemmeh, d’où les acheteurs les amènent ensuite à Djeddah. Une jeune Africaine de couleur bronzée, d’un extérieur agréable, se vend encore 140 dollars, un jeune garçon en vaut 100; les Shankaltres et les Gallas sont recherchés des traitans en raison de la grande beauté de leur forme et de la supériorité de leur intelligence; mais les femmes sont toujours vendues plus chèrement que les hommes, les premières étant très demandées dans les harems. Le général Kirkham affirme que, quoique les lois d’Abyssinie soient très sévères pour les individus qui se livrent à l’odieux trafic, la traite s’y fait continuellement. Tout Éthiopien chrétien ou musulman surpris en flagrant délit de vente d’enfant est pendu sans appel à l’arbre le plus proche. En dépit de ce rigoureux châtiment, à chaque instant, de pareils marchés se renouvellent. La race nubienne fournit aussi son contingent à l’esclavage; on fait peu de cas des hommes, mais les jeunes filles, très appréciées comme servantes, trouvent des acquéreurs nombreux. Dans l’archipel des îles Soulou, de pauvres Indiens appartenant aux provinces espagnoles de l’archipel des Philippines sont constamment enlevés à