violent, le canon se taisait, et nos colonnes prenaient leur élan. Les soldats du général Berthaut se précipitaient sur le parc de La Malmaison, dont on avait fait sauter les murs, ils s’engageaient à la suite des Prussiens, qu’ils faisaient reculer. Les zouaves du commandant Jacquot, vaillamment conduits par leur chef, qui tombait bientôt blessé mortellement et dont on se disputait le corps, les zouaves s’avançaient avec une témérité telle qu’ils se seraient trouvés compromis, s’ils n’avaient été secourus fort à propos par les mobiles de Seine-et-Marne. Le général Noël de son côté gagnait rapidement par le sud Saint-Cucufa et le ravin qui, en contournant le parc de La Malmaison, descend vers Bougival. Il dépassait le vallon et attaquait les pentes qui montent à La Jonchère. Le colonel Cholleton à son tour prenait Buzenval et continuait sa marche. En même temps, l’artillerie se jetait dans la mêlée avec la plus impétueuse résolution. Quatre mitrailleuses du capitaine de Grandchamp et une batterie du capitaine Nismes, sous la direction du commandant de Miribel, se portaient audacieusement en avant au secours de l’infanterie, en pleine ligne des tirailleurs. C’était merveille qu’un tel entrain au combat.
Les Prussiens, sans être absolument surpris, ne laissaient pas de s’émouvoir. Ils ne tardaient pas cependant à se remettre et à déployer des forces nouvelles. Ils appelaient leurs réserves et même une division de landwehr de la garde qui se trouvait à Saint-Germain. Le signal d’alarme était donné jusqu’à Versailles. Malheureusement c’était beaucoup pour nos modestes forces. Les soldats du général Noël, à l’attaque des pentes de La Jonchère, se voyaient subitement arrêtés par une fusillade terrible et obligés de se replier sur l’autre versant du ravin sans cesser néanmoins de combattre. Un incident plus grave survenait en ce moment. La batterie du capitaine Nismes, criblée à l’improviste par le feu de quelques détachemens ennemis qui s’étaient glissés sous bois, perdait son chef, ses attelages, et elle ne pouvait éviter de laisser deux pièces aux mains des Prussiens. Le jour commençait à baisser, on ne pouvait continuer la lutte, et la retraite s’accomplissait sous la protection de notre artillerie, qui fixait en quelque sorte l’ennemi dans ses positions sans le laisser avancer. Le combat avait duré à peine trois heures, il avait été des plus chauds, des plus honorables pour nos jeunes troupes, et il paraissait avoir vivement impressionné les Prussiens, les chefs de l’armée allemande, le roi Guillaume lui-même, qui était accouru sur les hauteurs de Marly pour être témoin de l’action.
C’était, a-t-on dit, l’occasion favorable de tenter la percée sur Versailles. L’ennemi le craignait, les Versaillais l’espéraient. Le