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sortie » des Parisiens, sortie sans résultat décisif, il est vrai, assez meurtrière, puisqu’elle nous coûtait un de nos plus vaillans chefs militaires, 400 hommes tués ou disparus, près de 1,500 blessés, mais où nos troupes avaient montré de la fermeté au feu, de l’aplomb dans la retraite. C’était un premier pas. Le 13 octobre, nouvelle sortie, nouveau combat. A la suite de la reprise de Villejuif et de l’affaire du 30 septembre, on avait gagné un peu de terrain dans la vallée de la Bièvre jusqu’à Cachan ; on s’était avancé sous la protection de Montrouge jusqu’au poste de la maison Millaud, d’où l’on délogeait les Prussiens. Une fois là on se trouvait en mesure d’attaquer Bagneux, peut-être même Châtillon. C’était un objectif bien tentant pour le commandant du 13e corps. Le général Trochu, se flattant peu d’un tel succès, avait une autre préoccupation. Depuis quelques jours, on distinguait de grands mouvemens de l’ennemi du côté de Choisy-le-Roi et sur tout le front sud. Que signifiaient ces mouvemens ? Les Prussiens voulaient-ils essayer de reprendre Villejuif ? Ne s’agitaient-ils ainsi que pour dissimuler un affaiblissement momentané des lignes d’investissement, pour nous dérober l’envoi d’une partie de leurs forces contre nos armées en formation sur la Loire ? Enfin on approchait du 14 octobre, anniversaire de la bataille d’Iéna. Les Allemands ne choisiraient-ils pas ce jour-là pour faire quelque tentative sérieuse, et ne valait-il pas mieux les devancer ? C’était là ce qui conduisait à l’affaire du 13 octobre, engagée non plus cette fois sur Thiais, Chevilly, L’Hay, mais entre la Bièvre et Issy, principalement contre Bagneux et Châtillon.

Tout avait été combiné. Dans la soirée du 12, le général Vinoy recevait les ordres définitifs. Il disposait pour l’opération qu’il allait exécuter de la division Blanchard, de la brigade Dumoulin de la division de Maudhuy, laissée en partie à la garde du plateau de Villejuif, de la brigade de La Charrière, détachée du 14e corps, de cinq bataillons de mobiles de la Côte-d’Or et de l’Aube, sous les commandans de Grancey et de Dampierre, et de 500 gardiens de la paix. C’était un ensemble de près de 25,000 hommes avec plus de 80 pièces d’artillerie. Tandis que deux colonnes de la division Blanchard aborderaient au centre les positions de Bagneux et de Châtillon, deux bataillons du 113e de ligne, appuyés par les gardiens de la paix, devaient enlever Clamait sur la droite, la brigade de La Charrière irait se placer à gauche, sur la route de Sceaux, pour surveiller, pour contenir au besoin les mouvemens de l’ennemi du côté de Bourg-la-Reine, et la brigade Dumoulin resterait en réserve sous Montrouge, à portée du combat. Les choses se passaient ainsi en effet.