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LE
GÉNÉRAL ROBERT E. LEE


I. Life and campaigns of general R. E. Lee, by James D. Maccabe Jr. ; New-York 1867. — II. Life of general Robert E. Lee, by John Esten Cooke ; New-York 1871. — III. Popular life of general R. E. Lee, by Emily V. Mason ; Baltimore 1872.



I.


La Virginie a eu cette rare bonne fortune de donner naissance à deux hommes dont les talens et le caractère ont illustré leur pays, quoique dans des circonstances très opposées, — le général George Washington et le général Robert Lee. Ils ont été, à soixante-quinze ans d’intervalle, les types les plus accomplis de cette forte race virginienne qui, plus que toute autre dans le Nouveau-Monde, avait conservé les traditions, les mœurs, les habitudes et les goûts de la vieille Europe.

La dévorante activité industrielle des états du nord n’avait point pénétré dans ces belles régions boisées et montagneuses. La vie y était restée très primitive. Les fortunes territoriales étaient immenses, quoique l’argent n’abondât pas toujours. L’hospitalité était sans bornes, la maison ouverte à tous les étrangers. Les existences des grands propriétaires y ressemblaient sous bien des rapports à celles des grands seigneurs de France ou d’Angleterre. La chasse, la pêche, les exercices du corps, jouaient un rôle notable dans leur éducation et dans leur vie. Toujours à cheval, ils ignoraient les distances ou le mauvais état, devenu proverbial, de leurs routes. À côté d’une grande simplicité de mœurs, l’aristocratie virginienne, en partie composée de membres de familles