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demandaient à grands cris, que la jeunesse de nos écoles applaudit ardemment, et que les organes de la publicité, sans distinction d’opinions ni de partis, approuvent tous d’une commune voix.

Nous verrons donc sous les voûtes du Louvre, dans quelque emplacement disposé tout exprès, nous l’espérons, comme pour la Vénus de Milo, cette noble peinture, grande pensée mystique si largement, si franchement rendue, scène immense dans un cadre restreint dont Léon X avait chargé son maître favori de décorer la voûte semi-circulaire sur montant le fond de sa chapelle dans sa villa, hors la porte Portese, sa villa dite la Magliana. Comment cette merveille a-t-elle échappé aux causes de destruction qui depuis trois cent soixante ans n’ont presque pas cessé de la menacer un seul jour ? Comment, malgré des traces trop nombreuses de mutilation et de restauration, conserve-t-elle encore dans quelques-unes de ses parties sa beauté virginale, notamment dans la figure vraiment céleste d’un des deux anges qui semblent ouvrir le ciel et dérouler les nues, pour laisser apparaître au milieu d’une auréole de chérubins Dieu le père bénissant le monde ? Par quel travail, quel procédé, au prix de quels efforts, a-t-elle été non pas détachée de la muraille à laquelle elle était adhérente, mais enlevée avec une portion, une tranche de cette muraille elle-même ? Comment enfin, et à travers quelles difficultés de douane et de transport, est-elle parvenue en France en 1869, portée au quai de Billy où les obus pendant le siège faillirent l’anéantir, puis établie récemment à Auteuil où elle vient d’être vendue ? C’est là toute une histoire pleine d’intérêt et de péripéties qu’on ne pourrait aborder ici sans dépasser de beaucoup les limites de cette simple note. Nous ne voulons que signaler une heureuse nouvelle à ceux qui, même aujourd’hui, dans les angoisses où nous sommes, sous le brouillard épais où l’avenir se cache à nous, en face d’un menaçant retour de barbarie et de ténèbres, conservent encore au fond du cœur le culte ardent du beau. Nous les convions à se réjouir et à féliciter l’intelligente initiative à laquelle nous allons devoir un des plus rares et des plus vrais joyaux de nos admirables collections.


L. VITET.


COMÉDIE-FRANÇAISE. — L’ACROBATE,
PAR M. OCTAVE FEUILLET.


Le titre de l’acte, trop court au gré des admirateurs de son talent si fin et si délicat, que M. Octave Feuillet vient de donner au Théâtre-Français, ce titre renferme par allusion la morale de la pièce. Qu’est-ce donc que cet acrobate qui ne figure point parmi les personnages de ce drame intime, qui se tient à l’écart comme s’il était déplacé dans ce milieu subtil, mais dont on discute la récente aventure ? L’acrobate,