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LE
ROLE DES FEMMES
DANS L'HISTOIRE DE FRANCE

II.
LES REINES[1].

Primitivement exclues du droit de posséder la terre salique, la terre libre des guerriers, parce qu’elles étaient impuissantes à la défendre, les femmes, à l’origine même de la monarchie, avaient été frappées d’une complète incapacité politique. Celui-là seul comptait dans l’état qui savait manier la francisque, et sous les deux premières races le titre de reine n’était qu’un titre purement honorifique, qui ne conférait aucune autorité, aucune fonction officielle. Celles qui en étaient investies ne pouvaient aliéner les propriétés foncières dont elles jouissaient comme dot ou comme douaire que du consentement de leurs maris, et ce consentement était même indispensable lorsqu’elles voulaient faire quelques largesses aux églises. Le sexe fort, comme diraient aujourd’hui les émancipateurs, s’était réservé tous les pouvoirs et tous les droits. Il les garda sous les Capétiens, et s’en montra peut-être plus jaloux encore que sous les princes chevelus.

Malgré le développement des idées chevaleresques et l’esprit de galanterie dont on a fait bien gratuitement parfois honneur à nos aïeux, les femmes que les hasards de la destinée ont associées chez nous à la fortune des rois ont toujours été traitées comme des

  1. Voyez la Revue du 1er octobre 1872.