Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 104.djvu/902

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
IMPRESSIONS
DE VOYAGE ET D'ART

I.
SOUVENIRS DU NIVERNAIS


I. — COSNE. — SANCESSE. — LA CHARITE.

Cosne possède une très ancienne église romane dont le porche sculpté mérite quelques instans d’attention. Ces sculptures ne sont autres cependant que les signes du zodiaque, que l’on rencontre invariablement dans toutes les œuvres de l’architecture romane ; mais ici la disposition en a quelque chose de plus particulièrement chrétien qui attendrit de piété pendant quelques minutes la rêverie du promeneur. Ils sont symétriquement rangés en demi-cercle sur la courbe de l’arc roman, six d’un côté, six de l’autre, et viennent aboutir à la figure de Jésus, placée au sommet, comme deux fleuves qui se joignent à la mer au même point. Ce n’est autre chose, comme on le voit, que la vieille et grande pensée qui a fait et fera mélancoliquement rêver toutes les générations des hommes ; les jours se fondent dans les mois, les mois dans les années, et l’une après l’autre les années vont se perdre dans l’océan de l’éternité ; seulement ici l’éternité porte un nom et revêt une forme individuelle, le nom et la forme du rédempteur auquel les flots du temps aboutissent, non comme à un élément fatal, mais comme à un maître qui peut à son gré leur faire rebrousser chemin pour recommencer leur course ou les arrêter pour toujours.

C’est avec ce mince bagage d’impressions que j’allais quitter la