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de juin au mois d’octobre, et désigné par les gens du pays sous le nom de toninha. « Les pêcheurs, dit-il, en prennent parfois un grand nombre en s’associant pour mettre leurs filets en commun. Emprisonnées dans une enceinte qui se rétrécit peu à peu, des bandes entières de ce dauphin sont entraînées vers le rivage, et viennent échouer dans quelque petite crique où on les assomme. »

L’ensemble des faits qui viennent d’être exposés conduit à des conclusions d’une grande importance sur la manière dont les Açores se sont peuplées, sur le mode d’introduction que la nature a employé pour y faire pénétrer la vie ; toutefois, avant d’entrer dans l’examen des diverses opinions émises sur cette grave question, je dois faire connaître les données que la géologie apporte pour la solution du problème. A la vérité, ces données sont bien faibles, mais un débat aussi élevé exige qu’aucun appoint ne soit négligé.


IV

L’examen intrinsèque des roches d’un pays volcanique peut procurer, comme nous l’avons dit, certains renseignemens sur le degré d’ancienneté des éruptions qui ont formé le sol de la contrée, lors même qu’aucune assise sédimentaire ne se trouve en contact visible avec les laves ; pourtant on n’arrive à en fixer l’âge avec quelque certitude que lorsque l’on peut assigner la position des roches volcaniques par rapport à des dépôts stratifiés fossilifères. Les pétrifications contenues dans une assise sédimentaire, en déterminent généralement la date ; par conséquent, si un banc de lave repose entre deux couches renfermant des fossiles, l’époque géologique où il s’est formé se trouvera par cela même établie sûrement. Ces conditions favorables sont en partie réalisées dans la petite île de Santa-Maria, l’une des Açores. En plusieurs points, des tufs calcaires, les uns à gros fragmens, les autres à grains tellement fins qu’ils ressemblent à des calcaires purs, s’y observent au milieu de coulées de lave et de couches de conglomérats. Ces tufs se montrent à diverses hauteurs au-dessus du niveau de la mer, et affectent des inclinaisons variées. Ceux qui occupent le niveau le plus élevé apparaissent à des altitudes de 60 à 80 mètres ; ils renferment un grand nombre de coquilles marines, entières ou réduites en fragmens. Bronn et Mayer, à qui on doit l’étude de ces débris, les ont rapportés à différentes espèces de mollusques. Les unes sont identiques à des espèces du terrain tertiaire des bassins de Bordeaux ou de Vienne, d’autres peuvent être assimilées à des espèces de la molasse de Suisse, d’autres sont de tout point semblables aux mollusques marins qui vivent encore sur le littoral de