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d’orangers appartenant à des variétés nouvelles sont protégées du vent par des haies de camélia, d’azaléa, de rhododendron. Les agave, les dasilirium, les aloès, croissent et fleurissent au milieu de corbeilles où sont réunies une multitude de plantes remarquables par la beauté de leurs fleurs ou par la coloration de leurs feuillages ; les pelargonium, les campanules, les véroniques, les fuchsia, une foule de labiées et de composées, les bégonia, les gloxinia, les canna, se groupent en massifs élégans et touffus dont la richesse et la variété forment un coup d’œil éblouissant.

Le visiteur qui parcourt ces immenses jardins en sort toujours émerveillé ; mais on en méconnaîtrait le caractère principal, si l’on n’y voyait qu’une œuvre d’agrément. Pour bien juger de l’entreprise, il faut pénétrer dans la partie du jardin où se font plus spécialement les semis et les essais de culture des plantes utiles. Des plates-bandes nombreuses, échelonnées en terrasses et isolées par des haies ou le plus souvent entourées d’un rideau peu élevé de thuyas, recèlent des myriades de petites plantes qui se chauffent frileusement au soleil. Chacun de ces étroits enclos produit l’impression d’une forêt naine. Les semis se font généralement dans des pots remplis de terre, et le végétal naissant n’est planté dans les plates-bandes que lorsque la petite tige a déjà acquis quelques centimètres de hauteur. On le transplante dans la campagne, au point où il doit devenir un arbre, lorsqu’il paraît assez vigoureux. On a renoncé aux semis sur place à cause des rats, qui dévoraient les graines ou rongeaient les jeunes plantes.

Le nombre des arbres élevés ainsi dans les jardins de Ponta-Delgada et transplantés ensuite dans les différentes parties de l’île est presque incalculable. L’essence de beaucoup la plus cultivée est le pin maritime. M. José do Canto en plante annuellement plus de 2 millions d’individus ; son frère, M. Ernest do Canto, environ 1 million 1/2, et les autres grands propriétaires des quantités analogues. Les espèces forestières dont la culture offre ensuite le plus d’importance sont le cryptomeria, l’eucalyptus, l’acacia[1], les cyprès et les chênes. Le tulipier, le cuninghamia sinensis, les thuya, les cèdres, le genévrier des Bermudes, les araucaria, le palissandre, le sapin, l’orme, le noyer d’Europe, réussissent très bien aux Açores[2]. Sur la liste des essences forestières dont la culture a été essayée par M. Ernest do Canto figurent 86 espèces de pins, 28 chênes, 36 acacias, 16 érables, 14 cyprès, 7 sapins, 5 cryptomeria, 10 châtaigniers, 8 eucalyptus, 6 casuarina, etc., en tout environ

  1. Cryptomeria japonica, — eucalyptus robusta, — acacia melanoxylon.
  2. Thuya orientalis, cedrus robusta, juniperus bermudiana, araucaria excelsa, jacaranda mimosœfolia, abies peclinata, ulmus montana, juglans nigra.