Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 104.djvu/849

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par leur taille élevée et leur port majestueux, par la grâce ou la singularité de leur feuillage, par la beauté de leurs fleurs, d’autres par l’énorme diamètre de leur tronc. Les araucaria, les cryptomeria, les wellingtonia, dressent fièrement leurs cimes au milieu de cette végétation ; les casuarina arrondissent leurs rameaux pleureurs chargés de feuilles articulées comme la tige de nos prêles ; le tulipier étale ses larges frondes échancrées ; les arallia brillent par leur feuillage délicat, les banksia, les metrosideros, par leurs touffes fleuries. Dans le jardin de M. José do Canto, j’ai vu un peuplier planté depuis deux ans et ayant déjà 5 mètres de haut, un cyprès âgé de huit ans et possédant un diamètre de 0m,70[1]. La splendeur des dracæna, des yucca, des pandanus, la beauté imposante des palmiers[2], défient toute description. Parmi les plantes les plus remarquables de cette dernière famille, je citerai seulement un musa ensete originaire d’Abyssinie qui pour la première fois a fructifié aux Açores. Cet arbre, que M. José do Canto s’était procuré tout petit par un échange fait en 1866 avec le jardin botanique d’Alger, a maintenant 5 mètres de haut et 60 centimètres de diamètre. Il ne donne pas de rejeton : aussi les milliers de graines qu’il a fournies ont-elles un prix extraordinaire aux yeux de tous les amateurs d’horticulture.

Dans ces jardins, les accidens de terrain sont soigneusement utilisés. Ici, un amas informe de laves arides est couvert d’une brillante parure de fleurs de cactus ou orné de crassulacées qui pendent en longues guirlandes ; là une ancienne carrière est devenue un parterre humide dont le sol et les parois sont garnis de fougères et de lycopodes. Les alsophilla attirent surtout l’attention par leurs belles tiges arborescentes et leur feuillage découpé ; les cyathea, les dicksonia, certains blechnum, rivalisent avec eux par la vigueur de leur végétation ; quelques-unes de ces fougères se distinguent par l’éclat argenté ou les formes variées de leurs feuilles[3]. En un autre point du jardin, un ruisseau d’eau vive alimente un petit étang creusé dans l’intervalle de coulées de lave irrégulière. Des bambous s’élèvent sur les bords de cette nappe d’eau ; leurs tiges élancées, unies ou rayées de couleurs diverses, se balancent doucement au souffle de la brise. Quelques-uns présentent un gros diamètre. Pour donner une idée de la rapidité de leur végétation, je citerai l’exemple de l’un d’eux qui, apporté d’Algérie en 1867, avait déjà l’an dernier des pousses de 10 mètres de haut et de 20 centimètres de diamètre. De jeunes plantations

  1. Populus quadrangulata, — cupressus macrocarpa.
  2. Notamment des chamœrops, des jnbæa, des caryota, des oreodoxa, des lataniers.
  3. Pteris argilia, — asplenium diversifolium.