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demandaient une réforme que le mauvais vouloir seul de quelques puissances secondaires avait rendue impraticable. Le produit réel du Wechselstempelsteuer s’élève à 7 millions, mais il est réduit à 5 millions par une clause des traités qui fait remise jusqu’au 31 décembre 1875, à chacun des états, d’une portion de la recette pour les timbres et les papiers timbrés débités sur son territoire.


IV

La guerre de 1870 a doté l’empire allemand d’une source particulière de revenu en le faisant propriétaire des chemins de fer de l’Alsace-Lorraine. L’acquisition du matériel nécessaire à l’exploitation absorba tout d’abord une somme de 47 millions ; cependant le bénéfice net, qui n’atteignait pas 12 millions en 1872, est évalué pour 1873 à 14 millions malgré de notables réductions dans le tarif du prix des places. D’ailleurs l’indemnité de guerre va permettre à l’empire d’augmenter rapidement son réseau, et déjà il fait construire une ligne directe de Berlin à Metz, dans un intérêt que nous n’avons pas besoin de définir. Les députés des provinces orientales de la Prusse se montrant jaloux de la faveur accordée à celles de l’ouest, on leur promet comme dédommagement plusieurs voies ferrées, qui auront sans doute pour but en même temps de créer des rapports plus étroits entre l’Allemagne et la Russie. Les travaux projetés exigeront un sacrifice considérable, mais les allocations ne dépassent point, quant à présent, 500 millions de francs. On sait que la constitution donne le droit au gouvernement fédéral de concéder ou de faire construire tous les chemins de fer stratégiques et autres qu’il jugera utiles, sans que les états alliés, dont ces lignes emprunteraient le territoire, puissent opposer la moindre résistance.

Les dépenses ordinaires du budget de l’empire excédant les divers produits que nous venons de passer en revue, les gouvernemens confédérés sont appelés à couvrir le déficit au moyen de quotes-parts matriculaires calculées au prorata de la population, et qui doivent être prélevées sur leurs ressources particulières. Depuis 1867 ces quotes-parts atteignent un chiffre énorme, et elles figurent encore pour 92 millions au budget de 1873. On pouvait croire que le trésor, grâce à son « embarras de richesse, » renoncerait pendant quelque temps à cette subvention ; il n’en est rien, et les financiers s’ingénient tout au contraire à la remplacer par des taxes nouvelles. Les uns se montrent partisans d’un impôt sur le revenu, additionnel aux impôts de même nature, quoique de formes très