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alors même que le foie, l’estomac, l’intestin, ont été enlevés. Pendant plusieurs heures, les muscles gardent leur excitabilité et éprouvent des contractions réflexes sous l’influence du pincement. M. Robin a constaté sur un supplicié, une heure après l’exécution, le phénomène suivant : « Le bras droit, dit-il, se trouvant étendu obliquement sur les côtés du tronc, la main à 25 centimètres environ en dehors de la hanche, je grattai la peau de la poitrine, avec la pointe d’un scalpel, au niveau de l’auréole du mamelon, sur une étendue de 10 centimètres, sans exercer de pression sur les muscles sous-jacens. Nous vîmes aussitôt le muscle grand-pectoral, puis le biceps, le brachial antérieur, etc., se contracter successivement et rapidement. Le résultat fut un mouvement de rapprochement de tout le bras vers le tronc, avec rotation du bras en dedans et demi-flexion de l’avant-bras sur le bras, véritable mouvement de défense qui projeta la main du côté de la poitrine jusqu’au creux de l’estomac. »

Ces manifestations spontanées de la vie du cadavre ne sont rien à côté de celles qu’on provoque au moyen de certains excitans et particulièrement de l’électricité. Aldini soumit en 1802 à l’action d’une pile énergique deux criminels décapités à Bologne. Sous l’influence du courant, les muscles du visage se contractèrent en produisant d’horribles grimaces. Tous les membres furent pris de mouvemens violens. Les corps semblaient éprouver un commencement de résurrection et vouloir se lever. Plusieurs heures après la décollation, les ressorts de l’économie avaient encore le pouvoir de répondre à l’excitation électrique. Ure fit quelques années plus tard à Glasgow des expériences également fameuses sur le cadavre d’un supplicié qui était resté suspendu au gibet pendant plus d’une heure. L’un des pôles d’une pile de 700 couples ayant été mis en communication avec la moelle épinière au-dessous de la nuque et l’autre pôle avec le talon, la jambe préalablement repliée sur elle-même fut lancée avec violence et faillit renverser un des assistans qui la maintenait avec effort. L’un des pôles ayant été placé sur la septième côte et l’autre sur un des nerfs du cou, la poitrine se souleva et s’abaissa, et l’abdomen éprouva un mouvement semblable, comme il arrive dans la respiration. Un nerf du sourcil ayant été touché en même temps que le talon, les muscles de la face se contractèrent. « La rage, l’horreur, le désespoir, l’angoisse et d’affreux sourires unirent leur hideuse expression sur la face de l’assassin. »

Le fait le plus remarquable de réapparition momentanée des propriétés vitales, non dans tout l’organisme, mais dans la tête seulement, est l’expérience célèbre proposée par Legallois et réalisée pour la première fois en 1858 par M. Brown-Séquard. Cet habile