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peut survenir de diverses manières. Des affections très vives de l’âme arrêtent quelquefois soudain les mouvemens du cœur et déterminent une syncope mortelle. On connaît beaucoup d’exemples de gens morts de joie, — Léon X en est un, — et de gens qui ont succombé à la peur. Dans l’apoplexie foudroyante, si la mort réelle n’est pas immédiate, il y a du moins production rapide de phénomènes mortels. Le malade est plongé dans un sommeil profond, auquel les médecins donnent le nom de coma. On ne peut le réveiller ; sa respiration est difficile, son œil immobile, sa bouche contournée et déformée. Les battemens du cœur cessent peu à peu, et bientôt la vie disparaît sans retour. La rupture d’un anévrysme entraîne assez souvent la mort subite. Celle-ci reconnaît non moins fréquemment pour cause ce qu’on appelle une embolie, c’est-à-dire un arrêt de la circulation par un caillot de sang qui obstrue tout à coup un vaisseau de quelque importance. Enfin il y a des morts subites encore inexpliquées, en ce sens que l’autopsie n’y découvre rien qui puisse rendre raison de l’arrêt des opérations vitales.

La mort est ordinairement précédée d’un ensemble de phénomènes auquel on a donné le nom d’agonie. Dans la plupart des maladies, le début de cette période terminale est marqué par un amendement subit des fonctions. C’est le dernier éclat que jette la flamme expirante ; mais bientôt les yeux deviennent immobiles et insensibles à l’action de la lumière, le nez est effilé et froid, la bouche, béante, semble faire appel à l’air qui manque, la cavité buccale est desséchée, et les lèvres, comme flétries, sont collées sur les arcades dentaires. Les derniers mouvemens respiratoires sont saccadés, et l’on entend à distance des râles et quelquefois un véritable gargouillement dû à l’obstruction des voies bronchiques par d’abondantes mucosités. L’haleine est froide, la température de la peau s’est abaissée. Si l’on vient à ausculter le cœur, on constate l’affaiblissement des bruits et des battemens. La main, appliquée sur la région précordiale, ne perçoit plus de choc. Telle est la physionomie de l’agonisant dans la majorité des cas, c’est-à-dire quand la mort succède à une maladie qui a duré un certain temps. L’agonie est rarement douloureuse, et le plus souvent ignorée du malade. Celui-ci est plongé dans un assoupissement comateux tel qu’il n’a plus conscience de sa situation, ni de ses souffrances, et il passe insensiblement de la vie à la mort, de sorte qu’il est quelquefois malaisé d’assigner le moment précis où le moribond a expiré. Il en est ainsi du moins dans les maladies chroniques et en particulier dans celles qui consument lentement et sourdement le corps de l’homme. Cependant, quand sonne l’heure de la mort dans les organisations