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qui le concerne, de provenance étrangère. Il s’agissait d’une proposition de M. Roebuck pour formuler l’adhésion explicite du parlement à la politique étrangère du cabinet whig.

« La motion de l’honorable membre est claire et précise. La chambre des communes est invitée à déclarer qu’elle épouse dans le monde la cause des gouvernemens libres, qu’elle est favorable aux efforts sérieux que tenterait partout et toujours une agrégation respectable d’individus pour assurer à leur pays les bienfaits d’un régime semblable au nôtre. On me convie d’adhérer à cette déclaration. On me somme, à défaut de mon assentiment, de formuler le principe contradictoire qui règle ma conduite. J’accepte le défi qui m’a été plus d’une fois adressé sur ce point : je réponds à l’appel plus d’une fois renouvelé dans ce débat. Le principe que j’oppose à celui de l’honorable membre est le principe même qui depuis cinquante ans a été revendiqué et mis en pratique par tous les hommes d’état éminens de mon pays, le principe de la non-intervention dans les affaires domestiques des états voisins et indépendans, sauf le cas où notre ingérence serait commandée par tels intérêts essentiels de l’Angleterre. Voilà le principe que j’oppose à la motion de l’honorable membre… Sa formule n’est pas nouvelle. Il y a cinquante-huit ans, une autre assemblée a déclaré comme lui, ou du moins dans le même esprit que lui, qu’elle accorderait fraternité et assistance à tous les peuples qui s’efforceraient de se procurer la liberté, que ses représentans au dehors, ses généraux même, seraient chargés de seconder partout ces efforts. Telle fut en effet la déclaration de la convention française en 1792. Faut-il vous rappeler les conséquences de cette déclaration ? faut-il envisager avec vous les conséquences de celle que nous discutons ? .. Quels sont les bienfaits d’un gouvernement libre ? qui les définira, qui les caractérisera ? Vous avez à vos côtés une grande république dont il est impossible de prévoir aujourd’hui les destinées, mais qui comprendra tout autrement que vous ces principes. A ses yeux, ils sont incompatibles sans doute avec tout établissement monarchique. Doit-elle, à votre exemple, vouer toute son influence, tous ses efforts, à la destruction de la royauté chez ses voisins ? Vous avez dans l’Amérique septentrionale une autre république non moins puissante qui avoisine de fort près vos florissantes et monarchiques colonies ; lui sera-t-il également loisible de vouer ses efforts à la subversion chez elles de l’autorité royale ? Votre immense empire dans l’Inde doit-il à son tour être soumis à des expériences semblables ? Et, si vous réclamez le principe pour les états dont la forme est libérale, comment le contester à ceux qui assurent ou croient assurer le bonheur de leurs peuples par des institutions différentes ? Comment empêcher les grandes