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sauf en Saxe, où l’on avait introduit dès 1855 le principe du monopole. La confédération de l’Allemagne du nord l’a généralisé à son profit, mais en l’adoucissant par des exceptions de fait, et c’est ainsi que 1,350 stations de chemins de fer continuent à expédier des dépêches privées concurremment avec l’administration. Par une remarquable dérogation au droit commun, toutes les questions relatives à ce service, même celle des tarifs à l’intérieur et à l’extérieur de l’Allemagne, sont réglées par voie de simple décret, le législateur ayant voulu laisser au gouvernement toute liberté pour observer et pour appliquer les progrès de la science. La direction-générale des télégraphes, actuellement aux mains d’un personnage considérable de l’armée, forme la deuxième division administrative de la chancellerie ; elle a dans son ressort immédiat les directions provinciales, au nombre de douze. Au commencement de 1871, sur 1,078 stations appartenant à la confédération du nord, 277 étaient gérées exclusivement par les employés des lignes télégraphiques, et 634 par ceux-ci concurremment avec le service des postes malgré le dualisme de l’autorité centrale. Les autres stations situées dans des localités peu importantes étaient confiées à des particuliers ayant une occupation sédentaire.

En résumé, si l’unité de législation est à peu près complète, il s’en faut de beaucoup que l’unité administrative soit aussi avancée. Pourtant il serait puéril de s’arrêter longtemps aux réserves faites sur ce point par les gouvernemens de Bavière et de Wurtemberg. En renonçant de gré ou de force au droit de régler les tarifs, même dans les limites de leurs propres territoires, ils se sont livrés à discrétion, et le législateur de l’empire saura bien profiter du moment favorable pour rompre le fil qui retient encore un fragment de leur autonomie.

Quant au problème de la séparation des postes et du télégraphe, l’exemple de l’Allemagne ne peut infirmer les résultats obtenus en Angleterre et aux États-Unis. D’ailleurs le gouvernement de Berlin, en confiant à un major-général la haute direction des lignes télégraphiques, révèle nettement les motifs qui l’ont conduit à donner à ce service une individualité distincte. Rien ne prouve que la fusion des deux directions générales soit un obstacle au but qu’il se propose, et que nous devrions nous-mêmes chercher à atteindre.

Dans tous les cas, s’il est permis de douter encore de la perfection de son système appliqué à l’administration civile, on doit reconnaître que ses procédés pour l’organisation de la poste et de la télégraphie militaires laissent peu à désirer, comme tout ce qui a trait aux intérêts de cet ordre. Les hommes qui ont entrepris la tâche de refaire une armée à la France étudieront avec fruit ce