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21 juillet 1870. Il était fixé à 450 millions de francs, soit, en tenant compte des 112 millions du trésor militaire prussien, une ressource totale de 562 millions pour les débuts de la campagne. Le gouvernement fédéral avait été d’abord autorisé à créer des rentes 5 pour 100 suffisantes pour réaliser une somme de 300 millions au cours de 88, mais le patriotisme allemand fit la sourde oreille, et lors des journées de Wissembourg et de Reichshofen la souscription atteignait à peine 225 millions de capital intrinsèque, ou 255 millions de capital nominal. Un décret du 2 octobre limita ensuite à ces chiffres l’emprunt en rentes 5 pour 100 ; mais quelques jours plus tard le trésor se faisait remettre en banque 75 millions, et un autre décret de janvier 1871, modifiant de nouveau la répartition primitive, éleva de 300 à 427 millions le capital à négocier en rentes consolidées par application de la loi du 21 juillet 1870. Dès l’origine, et pour compléter la somme de 450 millions allouée par cette loi, on avait créé plusieurs séries de bons formant ensemble 150 millions, et c’est vraisemblablement pour faire face au remboursement de ces valeurs, dont l’échéance moyenne était de six mois, que les émissions de rentes ont été augmentées plus tard dans une si grande proportion.

Le deuxième emprunt de guerre, autorisé par la loi du 29 novembre 1870, fut arrêté à 375 millions, que le gouvernement devait réaliser par une nouvelle émission de bons à longue échéance. La haute banque de Londres intervint pour cette vaste opération, qui eût infailliblement échoué en Allemagne malgré les succès obtenus par les armées de la confédération. Les bons émis à cette époque représentaient une valeur nominale de 383 millions, au taux de 5 pour 100, et ils devaient être remboursés le 1er novembre 1875, sauf le droit pour les gouvernemens alliés de se libérer par anticipation. Bref, en ajoutant au produit net des emprunts la réserve du trésor militaire, les avances faites par la caisse des prêts, les contributions levées en France, et une partie de la rançon de la ville de Paris, on atteint le chiffre énorme de 1,400 millions, qui exprime assez exactement les ressources mises à la disposition de la Prusse dans l’intervalle du 16 juillet 1870 au 15 février 1871. Sa pénurie était néanmoins complète au moment de l’armistice, et, si les hostilités avaient dû continuer, elle n’aurait pu se dispenser de faire un appel immédiat aux capitaux anglais. Le Reichstag autorisa bientôt un nouvel emprunt de 450 millions, qui fut réduit à 112 millions 1/2, grâce à un premier à-compte payé par le gouvernement de la république sur le montant de l’indemnité de guerre. On sait que ce versement, fixé à 120 millions, eut lieu en billets de la Banque de France, par dérogation aux clauses du