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supérieur (natchalnik) ; à Saint-Pétersbourg, où il y a déjà un natchalnik chargé de la haute surveillance des huit établissemens, il porte simplement le titre d’inspecteur des classes. A Moscou, les quatre gymnases sont placés sous la surveillance d’un seul supérieur. On croira sans peine que sa fonction n’est point une sinécure : les gymnases sont dispersés dans tous les quartiers de la ville ; il faut, pour les visiter avec quelque régularité, passer des heures entières en voiture, par le froid, par la neige, à travers les rues tortueuses, boueuses, souvent défoncées de la grande capitale. Moscou, d’un tiers moins peuplé que Paris, l’égale au moins en étendue : les courses y constituent de véritables voyages.

Le natchalnik et l’inspectrice répondent à peu près au proviseur et au censeur de nos lycées. La mission du natchalnik consiste à choisir les maîtres et les maîtresses pour les différentes classes, à surveiller l’exécution des lois et règlemens, et, dans les cas extrêmes, à suspendre les fonctionnaires ou même les destituer, à charge d’en donner avis aux curateurs des gymnases. L’inspectrice doit prendre soin de la santé des enfans, veiller au maintien de la bonne tenue et des bonnes mœurs ; mais ses attributions se confondent sur bien des points avec celles du supérieur : de là quelquefois des tiraillemens. Ces inspectrices ont été choisies avec un soin extrême, bien qu’elles n’aient pas toutes fait de la pédagogie une étude particulière. A une époque où il s’agissait de bien poser les gymnases dans l’opinion, on a tenu à y mettre des femmes d’une éducation et quelquefois d’un rang supérieurs. Il y a parmi elles des princesses, et l’on s’est efforcé de relever encore leur situation par des distinctions de toute sorte. Par la suite, il deviendra désirable que ces places soient exclusivement réservées aux membres mêmes du corps enseignant ; elles seront pour les maîtresses une espérance, le stimulant énergique d’une légitime ambition, la récompense de loyaux services.

Au-dessous du prince d’Oldenbourg, les souverains ont le droit de nommer auprès d’un ou de plusieurs gymnases un protecteur ou curateur (papétchitel) distingué par son rang ou par sa naissance. Telle est la situation occupée par le prince Troubetzkoï auprès des gymnases de Moscou. Pour empêcher les conflits d’attributions, le curateur ne doit agir que par l’intermédiaire du natchalnik : c’est celui-ci qui doit lui proposer les mesures à prendre, c’est lui qui est l’exécuteur nécessaire de ses décisions. Suivant le règlement, le curateur a le droit de nommer les natchalniks et les inspectrices, sauf confirmation par l’impératrice ; à leur tour, ces fonctionnaires choisissent les maîtres et les maîtresses du gymnase, sauf confirmation par le curateur. Une autre catégorie de