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l’œuvre. Le conseiller de l’impératrice eut à combattre les objections financières ; il fit remarquer que les pensionnats existans vivaient de leurs propres ressources, que par conséquent les écoles pour les jeunes filles externes (tel fut le premier nom des gymnases féminins), tout en faisant mieux, ne coûteraient pas plus à proportion ; illusion que l’expérience devait détruire. Dans tous les gymnases de filles, le produit de la rétribution scolaire est insuffisant à couvrir les grandes dépenses de matériel et de personnel qu’un établissement de ce genre doit s’imposer lorsqu’il veut répondre dignement à sa destination. Pour l’année 1872, il y a un excédant de dépenses sur les recettes qui varie pour les gymnases de Saint-Pétersbourg entre 4,000 et 8,000 roubles ; le déficit est comblé au moyen des fonds que fournit le département de l’impératrice Marie[1]. Toutefois, comme on y est encore sous l’influence des premières illusions, on a quelque peine à s’habituer à ces continuelles demandes de fonds. Jusqu’à présent, il n’y a pas de budget régulier pour les gymnases féminins dépendans de la quatrième section ; pour chaque exercice, pour chaque dépense imprévue, il faut s’adresser au département.

De son côté, le ministère de l’instruction publique n’a pas voulu rester en arrière : sous ses auspices, surtout depuis le règlement du 24 mai 1870, se sont élevés 54 gymnases et 108 progymnases. Il faut y ajouter 2 écoles supérieures qui par leurs programmes se rapprochent des gymnases, et 22 écoles secondaires qui se rapprochent des progymnases. C’est un total de 186 établissemens scolaires comprenant 23,400 élèves, et d’où sortent annuellement, avec le certificat d’études complètes, un millier de jeunes filles.

Un certain nombre de ces gymnases, surtout de ceux qui sont situés dans les provinces allemandes, lithuaniennes et polonaises, sont entretenus exclusivement aux frais du trésor ; le gouvernement n’épargne pas l’argent lorsqu’il est question de faire prévaloir la langue ou les idées russes dans les provinces frontières. Il y a neuf gymnases de filles, rien que dans l’arrondissement universitaire de Varsovie ; chacun d’eux a 14,000 roubles par an pour son entretien. La somme totale des dépenses pour l’entretien des 54 gymnases et 108 progymnases de filles, en y ajoutant les 22 écoles de second ordre, s’est élevée en 1871 à 624, 100 roubles (2 millions 1/2 de francs). Le gouvernement ne fournit que 50,000 roubles ; le reste est couvert par les allocations des villes, celles des états provinciaux et la rétribution scolaire. Ces établissemens sont en

  1. La dépense totale des six gymnases et du cours pédagogique est de 150,670 roubles, sur lesquels le département en fournit 43,600. En somme, ces établissemens se suffisent à eux-mêmes dans une très large mesure.