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LA NOUVELLE
CONFESSION DE FOI
DU DOCTEUR STRAUSS

Der alte und der neue Glaube (L’ancienne foi et la nouvelle),, par David Friedrich Strauss, Leipzig 1872.

Le 21 décembre 1872, M. Gladstone, s’adressant à un auditoire en grande partie composé de jeunes gens, les prévenait en termes très vifs contre un livre allemand publié depuis peu, et les engageait à ne pas le lire, « car, disait-il, le livre est détestable, et, si l’apôtre enseigne qu’il faut examiner toute chose, c’est seulement pour qu’on retienne ce qui est bon. » De quelle manière M. Gladstone s’y est-il pris pour interpréter ainsi l’une des paroles les plus claires de saint Paul, ce n’est pas à nous de l’expliquer. Si nous rappelons cet incident, qui défraya quelque temps la presse quotidienne du royaume-uni, c’est pour nous justifier d’avance aux yeux de ceux qui s’étonneraient de nous voir attacher tant d’importance à un livre dont l’existence est à peine connue en France, et qui seraient tentés de s’écrier : Que de bruit pour un livre allemand ! Quand un personnage tel que M. Gladstone prend à tâche de dénoncer urbi et orbi un ouvrage écrit hors d’Angleterre, c’est sans doute que ce livre et l’écrivain en valent la peine. C’est uniquement aux tristes préoccupations qui nous absorbent qu’il faut attribuer notre inattention. Ce livre est un événement, et l’auteur, M. Strauss, occupe un rang trop distingué dans l’histoire des idées