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budgets qui en rappellent les détails et en assurent le service. Si maintenant on désire jeter un coup d’œil aux chapitres de ces budgets, il suffit de s’arrêter à ceux qui ont quelque signification et d’en faire le rapprochement avec 1869 : l’octroi d’abord, cette ressource si précieuse de la ville et qui donne plus de la moitié de ses recettes. L’exercice de 1869 l’avait laissé à 110 millions ; il figure en prévision pour 113 millions environ au budget de 1873. C’est encore loin de répondre aux augmentations d’impôt qui ont frappé les alcools, les bières et le vin ; les entrées en fraude figurent probablement dans cette langueur relative des acquittemens, et exigent un redoublement de surveillance. D’autres articles d’ailleurs témoignent que les taxes susceptibles d’un contrôle entièrement efficace remplissent leur plein objet, témoin les droits de voirie, qui de 626,000 fr. en 1869 sont portés en 1873 à 2,600,000 fr., et l’exploitation des voiries, qui ne rendaient en 1869 que 622,000 francs et en rendront 2,600,000, soit 4 millions en plus sur les deux chapitres. Il en est de même des entrepôts, 700,000 francs en 1869, et en 1873 2,200,000 francs, des halles et marchés, qui donnent près de 3 millions de plus, des recettes diverses, qui sans autre spécification montent de 8 millions à 23 millions, accusant ainsi un énorme accroissement de 15 millions, — enfin les centimes communaux, qui, à trois années d’intervalle, de 5 millions ont été portés à 9 millions.

Tel est, dans un bref aperçu, l’état et la proportion des recettes pour les services qui ont éprouvé des variations ; les autres restent à peu près stationnaires : on ne dirait pas qu’une révolution a passé par là. Cet octroi, qui est la mesure la plus exacte des consommations, semble nourrir le même nombre de bouches et prélever la dîme des tarifs sur la même somme d’affaires. Tout habitant de Paris a pu voir de ses yeux ce qu’il était durant le blocus : c’est merveille comme il s’est relevé ; il a eu des défaillances alors, il n’en a plus. La recette est donc en bonnes mains : voyons la dépense ; elle va nous prouver une fois de plus que les révolutions sont un mauvais instrument d’économies. Certes le désir d’opérer des réformes animait tout le monde, préfet et conseil municipal, quand, après les deux sièges, on put voir clair dans les finances de Paris ; chacun se mit à l’œuvre avec la même ardeur, la même volonté de bien faire, et pourtant le résultat n’a pas été au niveau de l’intention. Le budget ordinaire en 1869 ne montait qu’à 148 millions ; il a été en 1872 de 194 millions, il sera en 1873 de 201 millions. Il est vrai qu’en 1872 et 1873 ce sont des budgets sincères, tandis qu’en 1869 c’était un budget rempli de fictions. Pour s’en convaincre, il suffit de parcourir les chapitres sur lesquels portent les plus fortes augmentations. La dette 96 millions au lieu de 60, la