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IMPRESSIONS
DE VOYAGE ET D’ART

VIII.
SOUVENIRS DE BOURGOGNE.[1].


I. — ACTUN. — SAINT-LAZARE. — LE SAINT SYMPHORIEN D’INGRES. — LE PRESIDENT JEANNIN.

De la magnificence des jours anciens, il ne reste plus à Autun que ce que les hommes n’ont pu lui ravir, c’est-à-dire son assiette naturelle ; mais cette assiette est admirable, et suffit à elle seule à révéler quelle importance cette ville eut autrefois. Autun fut la ville gauloise favorite des Romains, et c’est sans doute à son emplacement qu’elle dut cette faveur de ses maîtres, grands connaisseurs, comme on le sait, en matière de sites. Ce n’est pas que cette situation soit très forte ; en la regardant, on s’explique assez aisément la destinée malheureuse de cette ville, qui a été prise autant de fois qu’elle a été assiégée, si bien qu’elle ait été défendue. Masquée plutôt que protégée par les montagnes qui l’entourent, la vaste plaine qui s’étend à ses pieds dut toujours être d’un accès assez facile à tout ennemi vigilant ; mais, si la pensée des fondateurs d’Autun fut de créer une ville dont l’aspect s’imposât comme un spectacle, et qui éblouît de son éclat l’œil de tout barbare dès le premier regard jeté sur elle, nulle situation ne fut jamais mieux choisie. Autun offre cette particularité, que, de quelque point qu’on la contemple, elle se présente à découvert avec une netteté et un relief saisissans, sans rien de cette confusion monotone, si vite

  1. Voyez la Revue du 1er janvier.