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concomitance, ils ont avec d’autres des rapports de causalité nettement établis. Ainsi les recherches de M. Davaine démontrent que les maladies dites charbonneuses, si redoutables chez l’homme et chez les animaux, sont dues au développement abondant d’une espèce de bactéries dans le sang. La fièvre typhoïde paraît reconnaître aussi une cause du même genre. Les lapins succombent à l’inoculation du sang provenant d’hommes atteints de cette maladie. Nos connaissances sur ce difficile sujet sont, il faut le confesser, encore peu avancées, malgré l’ardeur avec laquelle on travaille à les étendre depuis quelques années. Les illusions du microscope et les exagérations de l’esprit de système compromettent trop souvent la valeur des travaux entrepris dans cette direction. Sans aller jusqu’à l’opinion de ceux qui attribuent toutes les maladies à des corpuscules microscopiques et considèrent tous les phénomènes morbides comme des fermentations, il faut admettre en tout cas que ces corpuscules, disséminés dans l’air, ont une grande place parmi les ennemis éternels de la santé. De tout temps, les chirurgiens et les médecins ont reconnu le danger de la pénétration de l’air ordinaire à l’intérieur de l’organisme, par la voie des plaies ou autrement. On sait aujourd’hui expliquer le péril, Ce ne sont pas les gaz de l’air qui sont dangereux. C’est aux proto-organismes que ce fluide recèle qu’il faut attribuer l’influence funeste qu’il exerce dans les traumatismes. L’infection putride n’a pas d’autre origine. Aussi la préoccupation des praticiens est-elle maintenant de soustraire les plaies à l’accès des germes de l’air, soit au moyen de vernis imperméables, soit au moyen de pansemens antiseptiques (alcoolisés, phéniqués), soit par l’occlusion pneumatique, soit enfin par la filtration de l’air même à travers le coton. Sous l’influence des idées définitivement introduites dans la science par les travaux que nous venons de résumer, plusieurs pratiques chirurgicales subissent des modifications profondes.

Après avoir examiné les altérations produites sur les vivans, il faut considérer celles que les fermens déterminent chez les morts. Quand la vie s’est peu à peu retirée de toutes les parties d’un être organisé, quand, toutes les morts partielles ayant eu lieu, la mort totale a envahi les profondeurs de l’être et brisé tous les ressorts de son activité, l’œuvre de la putréfaction commence. Il s’agit de défaire ce cadavre, d’en détruire les formes et d’en dissocier les matériaux. Il s’agit de le désorganiser, de le réduire en solides, en liquides et en gaz, capables de rentrer dans l’immense réservoir d’où émane sans cesse une vie nouvelle. Telle est la besogne que la chaleur, l’humidité, l’air et les germes vont entreprendre de concert. Tout cela se fait avec la plus grande diligence. La nature ne temporise pas : sitôt que le corps est glacé, le vernis protecteur qui