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vue d’un but défini qui a été parfaitement atteint. Les écoles de la rue de Puebla, de la rue Malesherbes, de la place de la Mairie au XIVe arrondissement, la salle d’asile de la rue Leclerc, de la Tombe-Issoire, sont irréprochables ; on y trouve des préaux, des cours plantées, de vastes classes, de l’air et de l’espace, c’est-à-dire, de l’hygiène et une surveillance possible. Il n’en est point ainsi partout. Rue Morand, dans le populeux quartier de la Roquette, où les enfans anémiques et faibles ont besoin de soleil et de verdure, l’école, remarquablement tenue du reste, renfermait 985 enfans le jour où je l’ai visitée, — j’en ai compté 98 dans une seule classe, — et pour toute cette marmaille turbulente et joueuse, qu’on entasse dans des salles étroites, mal distribuées, insuffisantes à tous les points de vue, on dispose de deux petites cours dont l’ensemble représente 447 mètres carrés, emplacement bon pour la récréation de 25 ou 30 enfans.

Mais il est un arrondissement de Paris, — le plus riche peut-être, — où les écoles, les salles d’asile sont vraiment lamentables ; c’est le 2e, qui forme une sorte de triangle dont la base est le boulevard Sébastopol, et dont le sommet aboutit au point d’intersection des boulevards de la Madeleine et des Capucines, par la rue aux Ours, la rue Neuve-des-Petits-Champs, les boulevards des Italiens, Poissonnière et Bonne-Nouvelle. Certes, dans les groupes parisiens, c’est là un des plus actifs, un des plus commerçans, un des mieux peuplés ; c’est précisément cela qui fait les écoles si défectueuses. En effet, s’il n’a pas été difficile de trouver de vastes terrains dans les quartiers excentriques, où la propriété n’a qu’une valeur très restreinte, il n’est point aisé de découvrir les emplacemens convenables pour une école dans cet immense écheveau de rues étroites, où les maisons à cinq et six étages sont si pressées qu’elles semblent empiéter les unes sur les autres : aussi a-t-on été obligé d’utiliser les locaux que la ville possédait, et ils sont affreux. Rue de la Lune, dans une maison de physionomie douteuse, on pousse une porte bâtarde, on gravit un escalier fermé d’une petite barrière, et l’on arrive à une école telle qu’il faut le génie de sœurs de Saint-Vincent de Paul pour en tirer parti. Rue du Sentier, grandes salles il est vrai, mais pas de cour, pas de jardin pour les enfans ; un préau sans lumière, qu’on est forcé de consacrer à une classe supplémentaire, car il y a plus d’écoliers que de places normales. Cour des Miracles, dans cette ancienne truanderie du moyen âge, où Louis XVI avait voulu établir le marché à la marée et aux salines, le spectacle est navrant ; il est vraiment cruel de retenir des enfans dans des conditions pareilles. La maison scolaire occupe tout le fond de la place : au rez-de-chaussée une salle d’asile,