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formée par la réunion de deux cratères accolés. L’une de ces deux cavités renferme un petit lac et est. entourée d’une muraille de prismes trachytiques; la partie centrale de l’autre est occupée par un amas de blocs de lave entassés dans le plus effrayant desordre. Le point culminant du mont possède une altitude d’environ 1,000 mètres. De ce lieu, on jouit de la vue la plus étendue; on aperçoit toute l’île de Terceire, San-Jorge, la cime de Pico, Graciosa, et, quand le temps est très clair, on découvre San-Miguel. La partie la plus élevée du massif est entièrement formée de laves riches en silice ; quelques-unes des coulées épanchées à la base présentent aussi exceptionnellement le même caractère, et se font remarquer par leur blancheur et l’abondance des cristaux vitreux de feldspath qu’elles renferment, mais la plupart des laves sorties à des altitudes peu élevées présentent les caractères des laves basaltiques, sont denses et noires, et dans le creux des torrens auxquels elles servent de lit abondent les gros cristaux noirs de pyroxène ou les globules verdâtres de péridot. Il semble que la matière en fusion aux dépens de laquelle se sont produits ces corps ait subi une séparation spontanée semblable à la liquation des alliages métalliques fondus. Les élémens les moins denses remontent vers la surface, les plus lourds offrent la tendance inverse. De là vient sans doute la diversité des laves fournies par un même volcan à des époques peu éloignées, suivant le point où se fait la sortie des coulées. Il se rencontre à la vérité quelques cas qui semblent contredire cette explication si simple, et qui la font rejeter par beaucoup de géologues; mais la contradiction n’est le plus souvent qu’apparente, et, pour mon compte, je ne connais pas aux Açores un seul cas où cette théorie soit positivement démentie par les faits.

Les détails géologiques dans lesquels je suis entré relativement à Terceire me permettront, dans un prochain récit, d’abréger la description du terrain des autres îles de l’archipel açorien. Quant aux considérations d’un autre genre auxquelles je me suis laisser aller, je ne puis les clore sans insister sur la richesse que les habitans de Terceire pourront tirer de la partie centrale de leur île lorsqu’ils la mettront en culture, et surtout lorsque le goût du progrès aura pénétré dans les mœurs de cette population honnête et laborieuse.


F. FOUQUÉ.