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une crête demi-circulaire, au pied de laquelle s’étend du côté de la mer une dépression profonde. Ce sont évidemment là les débris d’un cratère dont les flots ont enlevé la partie la plus directement opposée à leurs coups. La partie du rebord qui reste est nue et stérile. D’après la tradition, à la fin du XVIIe siècle, les habitans du village voisin avaient élevé en ce lieu des constructions destinées à leur donner refuge dans le cas où ils auraient eu à subir la visite inopinée des pirates algériens. Depuis longtemps de pareilles incursions ne sont plus à craindre aux Açores : aussi n’existe-t-il maintenant, au sommet du môle de Castello Branco, que de rares vestiges des bâti mens qui y avaient été élevés. On y voit encore un reste de pavage et des trois réguliers murés, ayant probablement servi de citernes. La partie basse, qui correspond au fond du cratère primitif, est cultivée ; mais le bénéfice de l’exploitation doit être assez faible, car la récolte est dévastée chaque année par les lapins, qui pullulent sur ce rocher, et qui, à la moindre alerte, s’enfoncent dans les fentes de la falaise, où il est impossible de les poursuivre.

A partir de Castello-Branco, la côte devient de plus en plus abrupte, et, lorsqu’on approche du village de Capello, situé vers l’extrémité ouest de l’île, elle atteint à plus de 100 mètres de hauteur. La coupe de terrain qui s’y voit offre un bel exemple de l’agencement des laves basaltiques. L’escarpement semble de loin composé d’une série de bancs de roches noires, alignées horizontalement et séparées par des lits minces de scories rougeâtres. Chacun des bancs paraît au premier abord continu sur une largeur de plusieurs centaines de mètres, comme si la lave qui les forme s’était répandue en large nappe à la surface du sol ; mais une étude plus attentive permet de décomposer ces assises, et fait reconnaître en elles le résultat de la juxtaposition d’une suite de coulées étroites. Il n’y a donc là qu’une stratification imparfaite, bien différente de celle qu’affectent les roches sédimentaires. Au pied de cette falaise sort une eau thermale alcaline et sulfureuse comme celle de Graciosa.

La crête, qui se prolonge jusqu’à la pointe occidentale de l’île, est formée par une rangée de cônes, dont quelques-uns, de masse imposante, ont été certainement le produit de terribles éruptions. A l’exception d’un seul, tous ces cônes ont été formés avant la découverte de Fayal. L’unique éruption dont l’homme ait été témoin dans cette île est celle de 1672, dont le récit a été conservé par un rapport inséré dans les annales municipales de la ville d’Horta. Le 12 avril 1672, des tremblemens de terre se firent sentir dans la partie occidentale de l’île, et se répétèrent les jours suivans. Ils