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de houille, des magasins remplis d’agrès de toute sorte, d’abondans approvisionnerons de vivres, fournissent largement tous les secours dont la navigation a communément besoin. Les baleinier, américains qui se livrent à la capture du cachalot dans la mer avoisinante y viennent aussi chercher des subsistances et déposer les produits de leur pêche. Enfin il s’y fait avec l’Amérique du Nord un commerce, d’oranges assez considérable, et tout permet d espérer. crue le commerce du vin indigène, naguère florissant, aujourd’hui anéanti par l’effet de la maladie de la vigne, reprendra un jour son essor.

La ville d’Horta s’étend sur le bord de la mer, dans une position pittoresque, en face de l’île de Pico. La baie dont elle occupe le fond n’est exposée sans défense naturelle à l’action des vents que du côté du sud-est. Au sud s’avance une éminence, composée d’immenses blocs de lave rouges ou noirs, et désignée sous le nom de Mont-Brûlé (Monte Queimado). Rien de plus lugubre que l’aspect de ces roches, dont la coloration est encore aussi crue que le jour où elles ont perdu leur incandescence. La mer, en les attaquant incessamment, se charge d’en renouveler la surface et d’y’maintenir la vivacité des teintes. Cependant la portion culminante du massif offre un petit plateau sur lequel est une charmante habitation environnée de pelouses et de jardins. Le mont Queimado, bien que formant promontoire, offre des caractères semblables à ceux des dômes volcaniques qu’on rencontre dans l’intérieur des terres. Par conséquent, si l’éruption à laquelle il doit son origine a débuté au sein de l’eau, il est probable que la bouche du volcan a été promptement mise à l’abri du contact de la mer, soit par un mouvement ascendant du sol, soit par l’entassement des premiers matériaux sortis de la fournaise ardente.

Plus en saillie vers le sud, et relié au précédent par une étroite langue de sable, se trouve un autre cône volcanique bien plus considérable encore, auquel sa position de sentinelle avancée a fait donner le nom de mont Guia (guide)[1]. Celui-ci est incontestablement d’origine sous-marine : il est composé de lits de tuf superposés, stratifiés parallèlement aux pentes de la surface. Le revers, tourné du côté de la ville, offre une pente assez douce pour être cultivée ; il est divisé en compartimens réguliers, dont les uns sont des jardins, les autres des champs de maïs. Des sentiers tracés au milieu des cultures conduisent sur la crête du mont. De là, l’intérieur du cratère se présente sous la forme d’un immense entonnoir

  1. Peut-être le véritable nom est-il Aguia (aiguille), mais là forme du mont ne nous parait pas justifier cette dénomination.