Page:Revue des Deux Mondes - 1873 - tome 103.djvu/639

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

intérieur, s’établit à un niveau plus bas. Il en sortit des flots de lave, qui se répandirent jusqu’à la mer, sous la forme d’étroites coulées juxtaposées les unes aux autres. L’éruption de Santa-Mana avait été de courte durée ; celle-ci se prolongea jusqu’au mois de janvier 1719. Tout semblait rentré pour longtemps dans le repos lorsque, l’année suivante, des tremblemens de terre plus violens que jamais se firent sentir, et le 10 février 1720 une nouvelle éruption eut lieu de l’autre côté du village de San-João. Celle-ci dura six mois ; elle donna lieu à la formation de plusieurs cônes et à un épanchement abondant de scoriacées qui aujourd’hui encore résistent aux envahissemens de la végétation.

Les laves modernes et toutes les laves anciennes de Pico, à une seule exception près, sont essentiellement basaltiques ; en maint endroit, on pourrait ramasser de grandes quantités de gros cristaux de pyroxène et de péridot. La forme des coulées atteste la fluidité très grande qu’elles possédaient avant leur refroidissement. Les tunnels y sont fréquens ; l’un des plus longs se trouve creusé dans la lave de 1720. On y pénètre par une étroite ouverture pratiquée à la partie moyenne ; des éboulemens empêchent de remonter bien loin dans l’intérieur de la galerie, mais on peut la parcourir du côté de la descente et la suivre sur une longueur de 500 mètres jusqu’au point où elle débouche dans la falaise ; la partie terminale de la coulée qui la renferme a été démolie et entraînée par les flots.

À Prainha do Galião se voit un autre tunnel qui se bifurque vers le bas au milieu de sa longueur, et que l’on peut remonter du côté opposé jusqu’à son point d’origine. Le souterrain se termine de ce côté par un cul-de-sac arrondi, semblable au fond d’un creuset que l’on aurait vidé. À Bandeiras, il existe deux tunnels, l’un n’ayant pas plus de 100 mètres de long, mais remarquable par l’élévation et la largeur de la voûte, — l’autre, long de 250 mètres environ, communiquant avec des conduits latéraux et décoré de stalactites tubuleuses. Les lignes de niveau, les draperies de lave, dont nous avons décrit les formes et expliqué l’origine à propos des galeries souterraines de Terceire, se présentent ici exactement avec les mêmes particularités. De même encore qu’à Terceire, l’infiltration des eaux provenant du terrain sus-jacent y est fréquente. Le plus court des deux tunnels de Bandeiras offre un suintement assez prononcé pour qu’on y ait ménagé un réservoir, qui suffit pour approvisionner d’eau potable le village voisin. À certaines heures de la journée, les femmes de Bandeiras pénètrent dans la galerie, portant sur la tête de grands vases allongés qu’elles viennent remplir d’eau. En les voyant dans ce lieu sombre s’avancer nu-pieds à la file, la tête chargée de vases de forme antique, on croirait volontiers assister à