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rien accorder aux libérés ; s’il consent à leur donner un léger secours, c’est uniquement pour les aider à reprendre une vie honnête et laborieuse. Dans aucun cas, on ne remet au condamné, à sa sortie de prison, la totalité de la somme qui lui est réservée ; cette somme doit lui être distribuée au fur et à mesure de ses besoins, soit par la société de patronage, soit par la police, si le condamné ne préfère pas à la tutelle de la police la tutelle de la société.

On ne peut rien imaginer de plus simple et de plus parfait que cette combinaison, qui, sans mettre la société de patronage dans la dépendance de l’administration et sans donner un caractère obligatoire à son intervention, lui assure cependant un budget considérable et des moyens d’action puissans sur les libérés. Aussi près de la moitié des condamnés sollicitent chaque année le bienfait du patronage. Lorsque approche le moment de la libération pour un condamné, on l’avertit dans la prison de l’existence de la société ; s’il demande à être patronné, le gouverneur transmet à Londres, à la société, son nom, une note sur ses antécédens et un portrait photographié qui permettra de constater son identité lorsqu’il se présentera devant le secrétaire. A son arrivée à Londres, on l’interroge sur ses projets d’avenir, sur ses aptitudes ; on lui remet une petite somme et on lui indique un logement convenable, puis l’agent de la société s’occupe de lui trouver du travail. Un certain nombre de libérés sont placés à Londres, d’autres dans les comtés voisins, d’autres sont renvoyés auprès de leurs familles, d’autres enfin se décident à émigrer aux colonies. La statistique de l’année dernière nous apprend que, sur 481 libérés auxquels la société s’est intéressée dans le cours de l’année, 184. ont pu demeurer à Londres et y travailler, 152 se sont rendus dans divers comtés, chez des patrons qui ont consenti à s’en charger, 32 ont été confiés à leurs familles et 26 se sont embarqués. Tout condamné qui reste à Londres y est surveillé par l’agent de la société ; celui-ci fait tous les quinze jours un rapport sur la conduite de chacun des libérés résidant à Londres ou dans les environs. Les condamnés envoyés dans les comtés sont recommandés à des magistrats ou à des personnes charitables. La société entretient une correspondance au sujet de ceux qu’elle ne peut surveiller directement, car elle se considère comme responsable, vis-à-vis du gouvernement, de leur conduite jusqu’à l’expiration de leur peine. Dès qu’un libéré se conduit mal ou essaie d’échapper à la surveillance, il est signalé à la police, qui peut user contre lui des pouvoirs mis en ses mains depuis 1864. L’année dernière, 43 libérés sur 481 ont été ainsi remis à la police ; en outre 14 ont été arrêtés et condamnés de nouveau, et 9 à la fin de l’année donnaient de vives inquiétudes. Tous les rapports officiels attestent que la société a depuis sa