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1871, la valeur totale est estimée à 149,745 livres ou 3,743,625 fr. Dans cette somme ne figure pas le produit du travail exécuté dans l’intérieur des prisons pour l’entretien des condamnés. Le prix moyen de la journée de travail des prisonniers varie, suivant les prisons, de 1 shilling 1/2 à 2 shillings 1/2. Il faut rapprocher la dépense ; or les trois prisons coûtent par an, pour l’entretien, la nourriture, le transport des condamnés, une somme totale de 3,299,650 francs. Par conséquent on est arrivé à ce résultat très remarquable d’avoir trois grandes prisons qui coûtent moins qu’elles ne rapportent au gouvernement. Le bénéfice aurait été, d’après les documens officiels, en 1871, de plus de 443,000 francs. Sans doute à Pentonville, à Milbank, il en est tout autrement ; néanmoins, pris en bloc, le budget des prisons du gouvernement ne fait peser sur le trésor public qu’une charge annuelle de 1,800,000 francs pour 9,500 condamnés. La dépense brute par chaque personne est en moyenne de 785 francs ; déduction faite du produit du travail, elle ne s’élève qu’à environ 210 francs.

L’économie n’est pas le seul bénéfice que l’état trouve dans ce système. L’Angleterre eût peut-être hésité à entreprendre d’aussi grands travaux, s’il eût fallu les achever entièrement à l’aide de l’industrie privée. Si on regarde l’intérêt des condamnés eux-mêmes, il nous semble que leur santé doit se trouver mieux de la fatigue, même rude, supportée en plein air que du travail souvent malsain de l’atelier, fermé. Ces vastes chantiers ont aussi l’avantage de permettre à une foule de condamnés l’apprentissage rapide et facile d’un métier. Enfin toutes les objections économiques fondées sur la concurrence que le travail des prisonniers crée aux travailleurs libres sont ici évitées, puisque c’est pour le compte de l’état et non d’entrepreneurs ordinaires que sont employés les condamnés.

Pour exciter le zèle de ces derniers, on se sert aujourd’hui en Angleterre d’un système emprunté aux prisons irlandaises. A son entrée dans la prison, chaque condamné est averti qu’il peut obtenir par son application au travail une réduction d’un quart dans la durée de sa peine. C’est au travail seul que cette faveur est accordée. On avait aussi égard autrefois à la bonne conduite, attestée par les notes du directeur et du chapelain ; mais on a craint d’encourager des habitudes d’hypocrisie et de dissimulation. La mauvaise conduite fait seulement perdre le bénéfice acquis par l’application au travail. Tous les soirs, les gardiens remettent au gouverneur un rapport sur chacun des condamnés qu’ils ont été chargés de surveiller. Ceux qui n’ont montré qu’une application ordinaire au travail reçoivent six points, ceux qui ont travaillé davantage en reçoivent sept ; le maximum est de huit points. On a établi que ceux qui, pendant tout leur séjour dans la prison, n’auraient