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LA
QUESTION CONSTITUTIONNELLE

LES CONDITIONS D’EXISTENCE DE LA REPUBLIQUE.

Après avoir tour à tour acclamé et détesté la république, la France semble aujourd’hui disposée à contracter avec elle un mariage de raison. Elle l’accepte comme un pis-aller peut-être, mais enfin elle l’accepte. La monarchie constitutionnelle, qui avait possédé jusqu’à ces derniers temps les préférences exclusives des classes les plus riches et les plus influentes, se trouve écartée ou ajournée par suite de la division irrémédiable des deux branches de la maison de Bourbon, l’empire a été frappé de déchéance par un décret que la nation ne paraît pas, quoi qu’on en dise, disposée à invalider. La république demeure donc maîtresse du terrain, mais saura-t-elle s’y maintenir? Saura-t-elle profiter des circonstances qui la favorisent pour devenir le gouvernement définitif de la France, ou ne sera-t-elle encore une fois qu’un accident politique? Ici le doute commence, et des objections de toute sorte se présentent aux esprits les moins prévenus contre le régime républicain. La France a un passé monarchique, et les deux expériences qu’elle a faites de la république ont-elles été bien propres à la détacher de ce passé? La république de 1792 n’a été qu’une longue et cruelle convulsion : de la dictature de la terreur, elle est descendue par une route sanglante dans l’anarchie et la corruption du directoire, pour aboutir au 18 brumaire. La république de 1848, plus bénigne que son aînée, a eu le malheur de déchaîner le socialisme, et tel a été l’effroi causé par