à l’état de lettre morte. Il verse ponctuellement tous ses bénéfices, quels qu’ils soient, à l’assistance publique; en échange, celle-ci ne lui donne pas un centime. Le système d’emprunt da mont-de-piété est peu compliqué; il procède comme le trésor : il émet des bons, véritables billets à ordre qu’on peut endosser, portant intérêt de la somme reçue. Ces bons sont à un an, à six mois, à trois mois même, et dans ce dernier cas attirent les fonds disponibles du commerce, fonds qui ne peuvent jamais s’immobiliser longtemps. L’intérêt normal, toujours fixé par le conseil de surveillance, est en moyenne de 3 1/2; parfois il s’élève à 5. Pendant le siège, au moment de la grande pénurie, on le fit monter jusqu’à 6. Ces titres sont très connus, très appréciés par les petites bourses, qui, bon an, mal an, apportent une quarantaine de millions à la caisse du mont-de-piété. Celui-ci ne garde que la somme jugée nécessaire aux besoins prévus et dépose le reste au trésor, qui lui en tient compte à raison d’un intérêt invariable de 3 pour 100. La clientèle des prêteurs est presque toujours la même, et il est rare que les bons ne soient pas renouvelés lorsqu’au bout de l’année on vient toucher la redevance échue. Les porteurs sont pour la plupart des maraîchers, des marchands à la halle, des cultivateurs de fruits, des loueurs de voitures, gens économes et défians qui recherchent d’autant plus ces sortes de valeurs qu’elles sont immuables et ne peuvent être atteintes par les fluctuations des cours de la Bourse. Le prêt est permanent; il ne se passe pas de jour, pas d’heure, qui ne voient quelques personnes apporter des sommes variant entre 500 et 5,000 francs en échange d’un bulletin découpé sur un livre à souche. Cet argent ne reste pas stationnaire; il est promptement mobilisé, car, si le mont-de-piété emprunte d’une main, ce n’est qu’afin de pouvoir prêter de l’autre.
Le mécanisme du prêt qu’il consent est aussi simple que celui de l’emprunt qu’il contracte, à cette différence près qu’il emprunte sous sa propre responsabilité, et qu’il ne prête que sur la responsabilité de commissaires-priseurs garantis par la caisse de leur compagnie. A cet effet, quatorze commissaires-priseurs sont attachés à l’administration; ils font la prisée des objets offerts en gage et la vente des nantissemens périmés. Ils opèrent directement l’appréciation au chef-lieu et dans les deux succursales. Dans les bureaux auxiliaires, ils sont représentés par des employés qui leur appartiennent; ils révisent les avances faites par les commissionnaires. Leur intervention est rémunérée par un droit de prisée fixe de 1/2 pour 100 perçu sur les engagemens et même sur les renouvellemens, par un droit proportionnel de 3 1/2 pour 100 sur le prix des objets vendus. Ils sont responsables de leur évaluation; si l’ar-