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L’éditeur Hetzel a parfaitement compris les services que peut rendre la littérature destinée à la jeunesse. Son catalogue s’enrichit chaque année de productions nouvelles où il s’applique à réunir tout ce qui doit éclairer l’esprit et récréer les yeux. Secondé par les artistes les plus renommés, il a formé une bibliothèque où la morale, la science, l’histoire, l’aimable fiction, obtiennent une large part. Lui-même sous le pseudonyme de P.-J. Stahl, il occupe l’un des premiers rangs dans cette campagne entreprise pour l’instruction et l’agrément de la jeune génération. Le journal qu’il a fondé, il y a huit ans, sous le titre de Magasin d’éducation et de récréation, continue à mériter tous les suffrages après avoir obtenu les encouragemens de l’Académie française. Son livre sur la Morale familière, également couronné par l’Académie, excelle par le choix des sujets. L’Histoire d’une bouchée de pain de M. J. Macé est depuis longtemps populaire. Les voyages ingénieux de M. J. Verne, Cinq semaines en ballon. Vingt mille lieues sous les mers, sont plus instructifs et certes beaucoup plus amusans que ne le sont la plupart des récits de voyages. Cette année même, la collection de ces ouvrages s’est augmentée de l’Histoire du ciel, beau volume où M. Camille Flammarion expose les problèmes de l’astronomie. Rien ne manque dans cette bibliothèque, ni les anciens contes, ni les Aventures de Jean-Paul Choppart, Robinson suisse, etc., ni les œuvres plus sérieuses qui sont faites pour charmer tous les âges, le Vicaire de Wakefield (traduction de Charles Nodier), Picciola, de Saintine, et la Roche aux Mouettes, l’un des plus émouvans récits de M. Jules Sandeau.

Et les enfans? la Bibliothèque de récréation ne les a pas oubliés. On peut y puiser pour eux à pleines mains. De petites histoires bien courtes, imprimées en grosses lettres qui se lisent toutes seules, et, avec cela, de belles images dont les couleurs rebondissent, voilà ce qu’il leur faut, et ils sont servis à souhait. Qu’ils choisissent dans ce long catalogue, au milieu duquel brille de tout son éclat le fameux Cadet Roussel. De notre temps, je vous le dis en vérité. Cadet Roussel n’était pas si beau, et ses trois habits n’étaient que des loques. Nous l’avons reconnu pourtant, superbement habillé et bon enfant toujours dans les vignettes de M. Frœlich. C’est le progrès; nos enfans en profitent.


C. LAVOLLEE.


Le directeur-gérant, C. BULOZ.