au second degré et élu pour quatre années. Au-dessous de lui, il plaça le pouvoir initiateur des lois de finance, la chambre, qui, n’ayant que deux ans de durée, n’a pas le temps de se faire dictatoriale, — à côté d’elle, le pouvoir pondérateur, le sénat, qui pendant la durée de son mandat (six ans) a le temps de voir la présidence changer deux fois de mains et la chambre se renouveler trois fois. C’êtait bien là le règne de la chose publique, de la res publica ; les Américains lui en laissèrent le nom. Ils ne s’étaient pas préoccupés de théories humanitaires, et leur déclaration de l’indépendance ne fit mention des droits de l’homme que pour réglementer ceux de l’immigration future volontaire ou contrainte.
Les immigrans, d’après les tableaux statistiques tenus par les officiers fédéraux, appartiennent à trente et tant de nationalités ; ils sont classés dans l’évaluation publique en trois groupes distincts : le groupe de race anglaise, qui comprend les Anglais, les Écossais, les Irlandais, — le groupe de race allemande, embrassant l’ensemble des races du nord, — le groupe de race latine, composé de Français, d’Italiens, d’Espagnols, de Portugais. Les Anglais et les Écossais travaillent aux mines, les Irlandais aux chemins de fer et aux canaux ; ce sont eux qui font la fortune des États-Unis, et dont les États-Unis font la fortune. Vient ensuite le groupe allemand, qui comme un flot humain s’avance incessamment sur les terres en friche de l’ouest, et qui fortifie l’élément conservateur du pays, le cultivateur, qu’improprement on appelle farmer (fermier), puisqu’il est toujours propriétaire du sol. Quant aux hommes du groupe de race latine, ils ne se classent dans le pays qu’à titre d’individualités ; ils n’y viennent qu’avec l’esprit de retour, et ils le quittent aussitôt qu’ils ont gagné quelque argent ou perdu l’espérance d’en gagner. L’Irlandais et l’Allemand, une fois établis en Amérique, engagent leurs parens et leurs amis à venir les rejoindre ; le Français, et avec raison, détourne les siens de tenter la même aventure. Les premières lois de naturalisation furent faites par des législateurs qui, soigneux de se réserver l’influence municipale et politique, apportèrent des entraves, non pas à l’immigration européenne, qu’ils appelaient, mais bien à la jouissance, pour les immigrans, des droits du citoyen américain. Les besoins électoraux des partis ont facilité l’accès de l’étranger à la citoyenneté américaine, et, une fois que les nouveaux citoyens se sont trouvés en nombre, ils ont élargi les portes de l’indigénat et ont fini par les ouvrir toutes grandes. Il en est résulté des différences notoires entre le peuple américain actuel, — produit de la fusion des nationalités dont les individus abordent annuellement dans les ports des États-Unis sans savoir même qu’il y a eu une fois sur cette terre un grand homme qui s’appelait Washington, — et les premiers