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d’avance : elle demandait l’établissement d’un système qui assurât les bienfaits de l’éducation à chaque enfant en Angleterre et dans la principauté de Galles. Ce n’était pas tout que d’indiquer le but, il fallait trouver les moyens de l’atteindre. Voici ce qu’elle proposait : « Les autorités locales seront forcées par la loi de veiller à ce qu’un nombre suffisant d’écoles soit établi pour les enfants dans leur district ; les dépenses pour la fondation ou l’entretien de ces écoles seront couvertes par des contributions locales, auxquelles l’état ajoutera un supplément ; toutes les écoles, aidées par les contributions des habitans, fonctionneront sous la direction des autorités de l’endroit et seront soumises à l’inspection du gouvernement ; elles seront absolument étrangères à l’esprit de secte ; l’admission y sera gratuite. Après avoir pourvu aux besoins de l’éducation publique, l’état ou les autorités locales auront le droit et le pouvoir d’obliger les enfans à suivre les cours de l’école, à moins que ces enfans ne reçoivent chez eux ou ailleurs une instruction convenable. » Ce programme trouva beaucoup d’adhérens, et le 12 octobre 1869 fut convoqué à Birmingham un grand meeting, auquel assistaient des membres du parlement, des ministres de l’église anglicane et des différentes sectes religieuses, des professeurs attachés à des sociétés savantes, des orateurs libéraux et des délégués de la classe ouvrière. Il s’agissait de constituer la ligue de l’éducation national. On nomma un conseil et un comité exécutif. Le conseil se composait de quarante-cinq membres du parlement, de donataires ayant versé au moins 500 livres sterling (12,500 fr.) dans la caisse de la société, et d’un grand nombre de personnes, hommes et femmes, ladies and gentlemen, connues pour l’intérêt qu’elles portent à la propagation des lumières. M. George Dixon, qui s’est plusieurs fois distingué à la chambre des communes par l’ardeur avec laquelle il défend la cause de l’instruction publique, fut élu président. Le comité exécutif était formé du président, du secrétaire, M. Francis Adam, du trésorier, M. John Jaffray, et de quarante membres, dont trente nommés en séance publique et les autres choisis par le comité lui-même. En Angleterre, rien ne se fait sans argent ; c’est le nerf de la lutte. On ouvrit une liste de souscription dont le montant devait se payer chaque année par dixième ; la responsabilité du souscripteur cessait à la mort, ou lorsque l’objet de la ligue aurait été atteint. On est toujours surpris en pareil cas de la générosité britannique : plusieurs adhérens s’inscrivirent pour une somme de 1,000 livres sterling (25,000 francs). Le meeting dura deux jours, et se termina le soir du 13 octobre dans l’hôtel de ville sous la présidence du maire de Birmingham. Après les nombreux discours qu’on venait d’entendre, et parmi lesquels il y en avait d’éloquens,