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Carpegna. Aujourd’hui on ne cite plus que le prince Torlonia qui gère parfaitement sa grande terre de Porto, située à l’embouchure du Tibre. Ces immenses fermes sont louées à des entrepreneurs agricoles, mercantidi campagna, qui en réunissent parfois plusieurs, de façon à exploiter une étendue immense, grande comme plusieurs communes françaises. Il y a quelques années, on citait les mercanti Canori, Andréa et Truzzi, qui à eux trois louaient 37,000 hectares, ou plus de 12,000 hectares chacun.

La terre est naturellement fertile. Le sol, très bas vers le littoral, se relève à l’intérieur en un plateau découpé par de nombreux ravins d’érosion et formé en grande partie de matières volcaniques sous-marines. Au pied des montagnes qui entourent la plaine romaine, on rencontre un terrain pliocène ou diluvien, des marnes argileuses, entremêlées de sable et de débris calcaires provenant des Apennins. La vallée du Tibre et les vallons plus petits qui y débouchent contiennent des terres d’alluvion d’excellente qualité[1]. Sur les hauteurs, la couche végétale qui recouvre le tuf est parfois si peu profonde que les sillons mettent au jour le sous-sol volcanique et dur. Aux bords de la mer et dans les vallées, le sol est profond et gras. Convenablement traités, le froment et surtout le maïs donneraient des récoltes exceptionnelles ; mais faute de main-d’œuvre le mode de culture est tout à fait primitif et presque barbare. L’homme, ne pouvant séjourner sur cette terre qui l’empoisonne, sème à la hâte et se retire, puis, au péril de sa santé, il vient faire la moisson, et s’enfuit. La majeure partie de la superficie est consacrée tour à tour au pâturage des troupeaux de bœufs et de moutons qui vivent presque à l’état sauvage. Le sol arable est cultivé une année sur trois, système de la terzeria, ou une année sur quatre, système de la quarteria. Puis la jachère sert de pâture. Elle ne reçoit jamais d’autre fumure que celle qu’y déposent les animaux qui la parcourent. Néanmoins on estime que le blé donne à l’hectare 23 hectolitres sur les bonnes terres, 19 hectolitres sur les médiocres et 12 sur les mauvaises, ce qui constitue relativement un très beau produit moyen. L’avoine donne 39, 23 ou 15 hectolitres, suivant la qualité du sol.

Les différentes cultures se répartissent de la façon suivante :


Terres arables cultivées tous les trois ou quatre ans 95,449 hectares
Prairies 12,268
Pâturages permanens 54,035
Vignes et produits industriels 2,114
Marais 1,143
Bois 39,338
Total 204,347 hectares

Les pâturages permanens donnent peu de nourriture au bétail, parce

  1. Voyez Cenni sulle condizioni fisico-economiche di Roma e suo territorio, per l’ispettore F. Giordano.