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Les chances de mort sont grandes en effet. Le comte Nicola Roncalli cite le fait suivant : pendant l’été de 1848, on établit dans la campagne romaine la colonie de Santa-Balbina, pour employer aux travaux agricoles les enfans abandonnés. Au bout de peu de temps, il ne resta dans l’établissement que deux individus valides ; tous les autres étaient à l’hôpital, où plusieurs succombèrent. A Rome, le nombre des décès surpasse en moyenne celui des naissances. Suivant Tournon, pendant la période décennale de 1710 à 1719, l’excédant de la mortalité était de 9,821, de 1790 à 1799 de 6,231, de 1820 à 1829 de 2,812. Pour les vingt années de 1840 à 1860, suivant M. l’ingénieur Giordano, l’excédant était de 5,052. La population de Rome a néanmoins augmenté. En 1709, elle était de 132,104 âmes, en 1800 de 164,586 âmes, en 1870 de 170,820 ; mais cette faible augmentation, qui contraste avec les rapides accroissemens des autres capitales, est due uniquement à l’immigration des étrangers qui viennent combler, — et un peu au-delà, — les vides qui résultent de l’excédant des décès.

M. Ch. Roller a tracé récemment dans la Revue un tableau très fidèle de l’exploitation agricole de la campagne romaine. J’emprunterai au remarquable rapport de M. Pareto quelques données précises qui compléteront l’étude de M. Roller. L’agro romano est réellement la région de ces latifundia dont parlait Pline. Sur les 203,000 hectares de superficie divisés en 396 exploitations, il s’en trouve 48 qui ont de 1,000 à 7,000 hectares et qui occupent environ la moitié de ce territoire. La tenuta (ferme) de Campo-Morto mesure 7,401 hectares, celle de Conca 5,625, et elle touche à celle de Cisterna, située dans les Marais-Pontins laquelle a 28,000 hectares. La plus grande partie du sol est inaliénable : la mainmorte des couvens, des églises et des hôpitaux religieux occupe 60,930 hectares, les majorats et les fidéicommis 63,690 hectares, de sorte qu’il ne reste que 79,731 hectares de propriété libre. Encore celle-ci change-t-elle rarement de mains et presque toujours au profit de la grande propriété. Le chapitre de Saint-Pierre possède 19,536 hectares, San-Spirito-in-Saxia 14,944, le prince Borghèse 23,000 hectares. Les tenute tendent à s’agglomérer de plus en plus. Les quatre tenute de Fusano, Guerrino-Quarto, Casale et Tommoletto-Spinerba se sont réunies en une seule, qui porte aujourd’hui le nom de Castel-Fusano. Celle de Sant-Agata s’est accrue de celle de Pietraurea, Torrenova s’est adjoint Roccacenci, et Castel-Romano, Santala. On ne compte en tout que 204 propriétaires dont 89 seulement possèdent des terres libres. Autrefois plusieurs grands seigneurs faisaient eux-mêmes valoir leurs terres, comme les princes Barberini, Chigi, Borghèse, Doria, Pallavicini, le comte